En déplacement à Toulouse, le président Emmanuel Macron a voulu, mercredi, « sonner le tocsin » sur les dangers que les réseaux sociaux font peser sur la démocratie française. Devant quelque 300 personnes réunies au siège du quotidien La Dépêche du Midi, il a dénoncé une « agora où tout le monde porte une cagoule et où celui qui crie le plus fort a raison ».
Ce débat citoyen s’inscrit dans un nouveau cycle de rencontres que le chef de l’État souhaite tenir avec la presse régionale, avant un second rendez-vous prévu le 19 novembre à La Voix du Nord. L’objectif, selon lui, est d’aboutir à des « décisions concrètes début 2026 » concernant la régulation numérique.
« Pas de liberté sans responsabilité »
« Il n’y a pas de liberté sans responsabilité », a martelé Emmanuel Macron, comparant l’espace numérique au « far west ». Il a évoqué la nécessité d’un « âge de majorité numérique » fixé à 15 ans, ainsi qu’une réflexion sur la levée de l’anonymat pour les internautes proférant des propos racistes, antisémites ou discriminatoires.
Le président a aussi laissé entendre qu’il pourrait quitter certaines plateformes, notamment X (ex-Twitter), tout en précisant que ce ne serait pas « demain matin », car « la priorité est de mener la bataille en interne ».
Cette initiative intervient alors qu’Emmanuel Macron, affaibli sur la scène politique depuis la dissolution ratée de 2024, semble vouloir faire de la lutte contre les dérives numériques un marqueur fort de la fin de son quinquennat, à l’approche des municipales de 2026 et de la présidentielle de 2027.
Colère des agriculteurs
En marge de cette visite, le chef de l’État a rencontré une délégation d’agriculteurs d’Occitanie, réunis à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA), venus protester contre ses propos jugés trop favorables à un éventuel accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur.
« On veut qu’il s’engage à ne pas signer ce traité dangereux pour l’agriculture française », a exigé Jean-Marie Dirat, président de la FRSEA d’Occitanie. Son homologue des JA de Haute-Garonne, Jean-Baptiste Gibert, a averti : « Si on n’a pas de réponses claires, ce sera le feu en Occitanie d’ici la fin de l’hiver. »
Une ambition spatiale renouvelée
Enfin, Emmanuel Macron devait inaugurer dans l’après-midi les nouveaux bâtiments du Commandement de l’espace (CDE), où il devait présenter la stratégie spatiale française à l’horizon 2040. L’Élysée indique que cette stratégie s’articulera autour de cinq axes : souveraineté, compétences industrielles, défense, science et exploration, et coopération internationale.
« L’espace n’est plus un endroit paisible, c’est un lieu de contestation », a averti la présidence, pointant notamment la Russie parmi les acteurs les plus agressifs.
Entre alerte démocratique sur les réseaux sociaux et affirmation de la puissance spatiale française, Emmanuel Macron cherche à reprendre la main sur deux fronts : la souveraineté numérique et la souveraineté stratégique.