4 novembre 2025
Dr Josué Renaud: Lettre à la jeunesse haïtienne
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Dr Josué Renaud: Lettre à la jeunesse haïtienne

Le silence de la jeunesse nourrit la corruption comme la nuit nourrit les ombres.

Lettre à la jeunesse haïtienne
par le Dr Josué Renaud

Jeunesse d’Haïti,

Je vous adresse ces lignes avec respect et admiration. Vous êtes la sève de ce pays, la promesse d’un lendemain que tant d’hommes ont prétendu servir sans jamais le comprendre. Malgré la tourmente, vous persistez à croire que l’avenir se bâtit, non qu’il se mendie. Beaucoup d’entre vous étudient, créent, s’engagent dans la société. Vous incarnez la partie encore vivante de la nation, celle qui n’a pas renoncé.

Mais tout n’est pas encore fait. D’autres, installés au pouvoir, compromettent silencieusement votre avenir. Ils négocient avec des institutions internationales, signent des accords, contractent des prêts dont les conditions demeurent secrètes. Trois budgets de la République ont été promulgués en moins d’un an, sans débat public ni transparence sur les subventions. Vous devez le savoir : rien n’est gratuit. Aucune aide étrangère n’a jamais fait croître une nation autrement qu’à travers ses propres forces locales, son travail, sa probité. Le développement ne s’importe pas, il se construit.

Je vous invite à la vigilance. N’acceptez pas que la République soit endettée sur votre dos. Refusez d’être la génération qui paiera les fautes de ceux qui vous gouvernent sans mandat moral. Interrogez, exigez, documentez. Vous devez l’exiger avec calme et détermination : la vérité, la transparence, la reddition de comptes. Le silence de la jeunesse nourrit la corruption comme la nuit nourrit les ombres.

Rappelez-vous : notre histoire ne commence pas avec les crises récentes. Le 1ᵉʳ janvier 1804 fut la naissance d’une liberté. Le 7 février 1986 marqua la chute d’une dictature. Pourtant, quarante ans après, Haïti demeure prisonnière d’autres formes de servitude — plus déguisées, plus économiques, mais tout aussi dévastatrices. Que le 7 février 2026 soit, enfin, la fin du cycle de la peur et du recommencement. Qu’il ouvre une ère de responsabilité, d’équité, de souveraineté réelle.

Jeunesse haïtienne, faites attention à ces dirigeants importés, ces visages qui débarquent en Haïti pour s’y installer quelques mois, avant de repartir au premier vol après “mission accomplie”. Ne leur confiez pas vos espérances : la patrie ne se gouverne pas par intérim. Elle se reconstruit de l’intérieur, par ceux qui y vivent, y souffrent, y persévèrent.

Les temps sont durs, je ne vous le cache pas. Le pays chancelle sous la corruption, les assassinats, les gangs, et la peur. Pourtant, c’est à vous qu’il appartient d’inverser cette pente. N’espérez plus dans les départs périlleux vers l’inconnu ; la mer n’est pas une frontière vers la dignité. Les portes terrestres se ferment, les aéroports s’éteignent : il reste la terre, la vôtre, encore capable de beauté. Apprenez à la cultiver, à la transformer en espace d’avenir. Ce n’est pas une punition de rester ; c’est un acte de foi.

Jeunesse d’Haïti, vous êtes les gardiens d’un serment vieux de deux siècles. N’attendez pas qu’on vous lègue un pays : prenez-le en main. Faites de ce petit coin du monde un lieu respirable, un jardin de dignité. C’est ici, et nulle part ailleurs, que doit renaître la patrie rêvée par Dessalines.

Jean-Jacques Dessalines, Proclamation de l’Indépendance d’Haïti, Gonaïves, 1ᵉʳ janvier 1804 :
« J’ai vengé l’Amérique ; j’ai sauvé ma race ; je veux que la liberté règne sur la terre. »

Avec espoir et fermeté,

Dr. Josué Renaud, Ms. MED.
President, NEHRO

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