1 novembre 2025
Haïti nous regarde : l’heure d’être vrais vient de sonner
Actualités Société

Haïti nous regarde : l’heure d’être vrais vient de sonner

Par Ralf Dieudonné JN MARY 

 Quand un pays attend de ses enfants plus que des mots.

Il arrive un moment dans la vie d’un peuple où les discours ne suffisent plus, où les apparences ne trompent plus, où la vérité nous rattrape comme un miroir que nous avons trop longtemps évité. Ce moment, pour Haïti, c’est maintenant.

Je suis Haïtien.

Pas seulement par naissance, mais par conviction.

Par attachement viscéral à cette terre qui a enseigné au monde que la liberté n’est pas une faveur, mais une conquête.

Et si j’écris aujourd’hui, ce n’est pas pour faire du bruit : c’est pour être vrai, profondément vrai.

Parce qu’avant d’être un peuple blessé, nous sommes un peuple de géants.

Et il est temps de nous regarder avec la même intensité que nos ancêtres nous regardent depuis l’histoire.

L’époque où tout est spectacle, même ce qui est sacré.

Nous vivons aujourd’hui dans une société où on cherche à exister en étant vu, plutôt qu’en étant utile. Où l’on confond influence avec vacarme, et liberté avec irrévérence.

Et pendant que certains manipulent des caméras, nos enfants nous regardent.

Ils apprennent de nos gestes, bien plus que de nos sermons.

Et lorsque l’on banalise ce qui devrait nous unir, lorsqu’on laisse des symboles comme celui de Jean Jacques Dessalines être traités sans respect, ce n’est pas seulement un manque de mémoire : c’est un aveu d’échec moral.

Pas un échec d’intelligence.

Pas un échec politique.

Un échec de responsabilité.

Car un peuple perd son avenir lorsqu’il cesse de protéger ce qui est sacré.

 Le vrai mal : la démission morale et l’habitude de tout rabaisser.

Nous avons développé une facilité presque artistique à rabaisser ce qui est nôtre.

Nous critiquons nos banques, nos institutions, nos services, comme si le problème était un manque de compétence.

Mais nous savons tous que souvent, l’inefficacité est un choix, un arrangement, une indifférence programmée.

Alors permettez-moi une question simple :

Qu’y a-t-il d’honorable à diriger ce qui ne fonctionne pas ?

Où est la dignité dans un titre qui n’est pas soutenu par un service rendu ?

Que vaut un poste si la mission qu’il représente n’est jamais remplie ?

Un titre, sans éthique, n’est qu’un ornement.

Un poste, sans intégrité, n’est qu’un déguisement.

Une responsabilité, sans conscience, devient une trahison silencieuse.

Le courage d’être honnête : notre révolution la plus urgente.

Nous avons hérité d’un pays né dans la vérité du combat.

Dans l’authenticité de la sueur, du sang, du sacrifice.

Pourtant aujourd’hui, notre plus grand déficit n’est pas économique :

il est moral.

Nous manquons d’honnêteté envers nous-mêmes.

Nous manquons d’intégrité dans nos comportements ordinaires.

Nous manquons d’authenticité dans notre manière de servir.

Et ce déficit-là, aucun prêt, aucun budget, aucune réforme ne pourra le corriger à notre place.

Il ne se résout que par une introspection courageuse :

Que faisons-nous de notre rôle dans la société ?

Ce que nous exigeons des autres, l’appliquons-nous à nous-mêmes ?

Ce que nous dénonçons publiquement, le corrigeons-nous en privé ?

La reconstruction d’Haïti commence là.

Dans cette petite pièce intérieure qu’on appelle la conscience.

 Le Nouvel Haïtien : celui qui inspire le monde.

Je rêve d’un Haïtien nouveau.

Pas un Haïtien parfait, mais un Haïtien cohérent, responsable, honnête.

Un Haïtien fidèle à l’héritage des ancêtres, mais courageux face au futur.

Un Haïtien qui considère chaque fonction, enseignant, prêtre, pasteur, directeur, policier, entrepreneur, agent public, comme un devoir sacré.

Un Haïtien qui comprend que la dignité n’est pas un mot de manuel, mais un mode de vie.

Un Haïtien qui n’a pas besoin de crier pour être grand.

Un Haïtien qui inspire par la qualité de son travail, par le respect qu’il porte, par l’intégrité qu’il incarne.

Et je crois, profondément, que ce Nouvel Haïtien existe déjà.

Il est en chacun de nous, mais il dort.

Il attend que nous l’éveillions par notre sincérité.

Que faire ? Des pas simples, mais décisifs.

Voici ce que je propose, humblement, sans prétention, mais avec conviction :

1. Rendre le respect contagieux

Respect pour les symboles, pour les ancêtres, pour nos responsables, mais aussi respect pour le citoyen ordinaire.

Le respect est le premier acte de reconstruction.

2. Servir mieux, où que l’on soit

Un poste, petit ou grand, est un engagement.

Chaque service bien rendu est un acte patriotique.

3. Élever nos enfants dans la dignité

Pas seulement dans la connaissance.

Dans l’exemple.

Dans l’honnêteté du quotidien.

Dans la valeur du travail bien fait.

4. Cesser de dénigrer Haïti

La critique est utile.

Le mépris est destructeur.

Comparons pour apprendre, jamais pour nous humilier.

5. Créer des oasis de fierté

Dans nos écoles, nos entreprises, nos quartiers : valorisons ce qui marche.

La fierté crée l’élan.

 Haïti n’attend pas un miracle, elle attend nous.

Je n’écris pas pour accuser.

Je n’écris pas pour briller.

J’écris parce que je refuse d’abandonner mon pays.

Haïti nous regarde.

Elle ne demande pas la perfection.

Elle demande la vérité.

Elle demande l’intégrité.

Elle demande le courage simple de faire ce qui est juste.

Le monde a déjà admiré Haïti.

Il l’admirera encore.

Si nous avons l’audace d’être vrais.

Si nous avons la force d’être responsables.

Si nous avons l’humilité de recommencer.

Haïti ne tombera pas tant qu’il restera des enfants prêts à la relever.

Et moi, je suis de ceux-là.

Et toi aussi, sûrement.

Alors, relevons-la ensemble.

Ralf Dieudonné JN MARY 

Haïti ne tombera pas tant qu’il restera des enfants prêts à la relever.

Et moi, je suis de ceux-là.

Et toi aussi, sûrement.

Alors, relevons-la ensemble.

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