Les élections présidentielles, à elles seules, ne suffisent pas pour permettre à Haïti de décoller sur le plan économique. Il est urgent que les élites nationales dotent le pays d’un plan stratégique de développement à long terme, s’étendant sur 10 à 30 ans, indépendamment de la personne ou du parti au pouvoir.
Ce plan doit être celui de la société haïtienne dans son ensemble, non celui d’un cartel politique.
Il est temps, en tant que nation, de se poser les vraies questions :
 Où voulons-nous aller ?
 Quel pays souhaitons-nous bâtir dans 10, 20 ou 30 ans ?
Et par quels moyens y parvenir ?
Le développement d’un pays ne se réalise pas dans la courte durée d’un quinquennat présidentiel, mais un mandat peut servir de point de départ pour poser les fondations d’un projet national durable.
Rompre avec la culture du pouvoir personnel
La première étape consiste à rompre avec la mentalité du “ôte-toi que je m’y mette”, véritable poison de la stabilité politique.
Sans pacte national entre les élites politiques, économiques, intellectuelles et sociales, aucun plan de développement ne peut s’appliquer.
Haïti a besoin d’un consensus historique pour assurer la continuité de l’État au-delà des alternances politiques.
Investir dans l’être haïtien
Le véritable capital d’un pays, c’est l’homme.
Il faut investir massivement dans l’éducation, la formation professionnelle, les sciences, la technologie et l’innovation.
Haïti doit former des ingénieurs, mathématiciens, chimistes, géologues et techniciens spécialisés dans l’exploration et la mise en valeur de ses ressources naturelles et de son sous-sol.
C’est par la connaissance que se construit l’indépendance économique.
Transformer l’agriculture et promouvoir l’industrialisation
L’agriculture haïtienne doit passer d’un mode de subsistance à un modèle productif et industriel.
Cela implique :
- la mécanisation des campagnes,
- la création de pôles agro-industriels régionaux,
- la transformation locale des produits agricoles,
- et la modernisation des infrastructures rurales.
L’industrialisation doit devenir une priorité nationale, créant de la richesse, des emplois et des exportations.
Repenser la doctrine de la force armée d’Haïti
Une nation forte repose aussi sur une armée moderne et structurée.
Il faut revoir la doctrine militaire, investir dans des équipements modernes et bâtir une force armée de 30 000 à 50 000 hommes, disciplinés, formés et dédiés à la sécurité nationale, à la protection du territoire, et à la reconstruction du pays (infrastructures, sécurité civile, frontières, etc.).
Faire de la technologie un levier de gouvernance
Enfin, Haïti doit intégrer la technologie dans tous les domaines de l’État :
- administration publique,
- justice,
- éducation,
- sécurité,
- économie.
Le numérique doit devenir le moteur de la transparence, de la modernisation et de l’efficacité administrative.
Le développement d’Haïti exige une vision nationale, partagée et durable.
Un plan stratégique de 10 à 30 ans n’est pas une option : c’est une nécessité historique.
Il doit unir la société autour d’un projet collectif, au-dessus des divisions politiques, pour bâtir un État fort, stable, productif et souverain.
Alceus Dilson- Communicologue,Juriste

