Les plus hauts dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) ont clos, jeudi à Pékin, une réunion cruciale de trois jours consacrée au 15e plan quinquennal, qui fixera les grandes orientations économiques du pays pour les années 2026-2030. Sous l’égide du président Xi Jinping, ce plan confirme la volonté de la Chine de miser sur un développement économique de haute qualité et une autosuffisance technologique face aux tensions croissantes avec l’Occident.
Né l’année du premier plan quinquennal, en 1953, Xi Jinping accorde à cet instrument de planification une portée politique renouvelée. Selon le politologue Michael Kovrig, ancien détenu en Chine, ces plans servent désormais autant à affirmer la légitimité du PCC qu’à guider la stratégie économique. « Sous Xi, la planification centralisée est redevenue un symbole de puissance et de cohésion nationale », souligne-t-il.
Le communiqué final, publié jeudi, esquisse les priorités du régime : innovation scientifique, transition énergétique, et autonomie dans les chaînes d’approvisionnement stratégiques, notamment les semi-conducteurs, les terres rares et l’intelligence artificielle. Pour Dan Wang, politologue à l’Université Stanford, « cette orientation montre la détermination de Pékin à ne plus dépendre des technologies occidentales, quitte à supporter des coûts économiques à court terme ».
Cependant, cette stratégie a ses limites. Les économistes s’inquiètent du ralentissement de la consommation intérieure et du chômage élevé des jeunes diplômés, qui atteignait 15,7 % fin 2024. Le pouvoir, fidèle à son obsession du concret, continue de privilégier les grands travaux et la production industrielle, au détriment des services.
Pour le Canada et les autres économies occidentales, ce virage n’annonce aucun relâchement des tensions commerciales. Les experts estiment que la Chine cherchera à contrôler davantage les marchés des matériaux critiques et à diversifier ses exportations. Si certains voient dans cette stratégie une menace pour les entreprises étrangères, d’autres, comme l’économiste Julian Karaguesian de l’Université McGill, y lisent une opportunité : « Si Pékin développe son marché intérieur et les services sociaux, cela pourrait ouvrir de nouveaux espaces de coopération économique. »
Le plan détaillé sera présenté en mars prochain. D’ici là, une chose est claire : la Chine veut redéfinir les règles du jeu mondial, en consolidant sa place au cœur des technologies de demain, de l’énergie propre aux infrastructures numériques. Une ambition qui pourrait façonner durablement l’équilibre économique et géopolitique de la planète.