25 octobre 2025
Dr Bobb Rousseau : Etzer Émile expose l’immobilisme patriotique face à la grandeur de 1804
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Dr Bobb Rousseau : Etzer Émile expose l’immobilisme patriotique face à la grandeur de 1804

Entre fierté et stagnation: Etzer Émile expose l’immobilisme patriotique face à la grandeur de 1804

par Bobb Rousseau, PhD

Reconnaître nos retards n’est pas renier Dessallinnes, c’est, au contraire, honorer son esprit de conquête en cherchant à dépasser nos limites.

Les récentes déclarations de l’économiste Etzer Émile suscitent une vague de réactions passionnées à travers les réseaux sociaux et les cercles intellectuels haïtiens. Pourtant, si l’on prend le temps d’écouter le fond de son message, on constate qu’il ne s’agit ni d’une critique des héros de 1804 ni d’un rejet de l’héritage de Jean-Jacques Dessalines. Son propos, en réalité, relève davantage d’une introspection nationale que d’une provocation: Haïti n’a pas fait suffisamment de progrès depuis l’indépendance.

Étzer Émile ne dit qu’il faut cesser d’être fier de nos ancêtres. Il ne nie pas la grandeur de 1804, cet acte fondateur qui fit d’Haïti la première république noire indépendante au monde. Ce qu’il souligne, avec un ton lucide, c’est la tendance du peuple haïtien, surtout parmi certains intellectuels, à se réfugier dans la gloire passée plutôt qu’à construire une nouvelle ère de fierté fondée sur les réalisations présentes.

Lorsque l’Haïtien parle, il le fait souvent avec une fierté tournée vers ce que les ancêtres ont accompli, rarement vers ce que nous accomplissons aujourd’hui. Cette posture, si noble soit-elle, risque de transformer l’héritage historique en refuge émotionnel plutôt qu’en source d’inspiration pour le progrès.

La réaction virulente des intellectuels haïtiens à la remarque d’Émile illustre bien que notre rapport au passé reste figé. Plutôt que de voir dans ses propos une invitation à repenser notre développement, certains y voient une attaque contre l’identité nationale. Or, reconnaître nos retards n’est pas renier Dessalines, c’est, au contraire, honorer son esprit de conquête en cherchant à dépasser nos limites.

Haïti ne pourra se relever qu’en réussissant à conjuguer son histoire au présent. La grandeur de 1804 n’est pas menacée par la critique; elle est trahie par l’immobilisme.

En somme, Etzer Émile n’insulte pas la mémoire des héros; il nous tend un miroir. Et ce reflet dérange, parce qu’il nous oblige à admettre que la liberté conquise, plus de deux siècles de cela, ne s’est pas encore transformée en prospérité réelle.

L’heure est peut-être venue de transformer notre fierté historique en fierté productive.

Bobb Rousseau, PhD

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