23 octobre 2025
Haïti en mode électoral : Jeu de poker-menteur 
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Haïti en mode électoral : Jeu de poker-menteur 

La promesse de renouvellement des dirigeants politiques par la voie des urnes – sous le spectre infernal de cette ingérence internationale condescendante amplifiée par l’impotence de ce pouvoir multi tête, au cœur de pierre – se révèle un véritable jeu de poker-menteur. Bluff, distraction et artifice de procrastination pour tenter en vain de dévier les esprits avisés du chronométrage du compte à rebours de l’Accord du 3 avril. 7 février 2026 : date mythique, point névralgique, point mort, point final. À ce CPT dépourvu de légitimité et de crédibilité, alea jacta est. Il faut à la direction du pays une nouvelle équipe, consciencieuse, déterminée à assurer son gouvernail en mettant le bien-être de la collectivité au premier plan. Rétablir la sécurité et l’autorité de l’État, nettoyer les écuries d’Augias et faire renaître la confiance au sein des différentes couches sociales sont des préconditions sine qua non avant de pouvoir entreprendre tout projet d’envergure comme celui de l’organisation des scrutins. Accorder une prolongation à ce club de neuf mégalomanes qui ont piteusement échoué au regard des objectifs de l’accord politique consensuel serait une chronophagie de trop. Pourquoi faire ? Tonnerre !

Les maîtres du jeu, en l’occurrence les malveillants de la communauté internationale, s’associent aux usurpateurs de cette présidence post-sismique entachée de cannabis, puis d’un magnicide insolite, pour tergiverser et éventuellement faire avaler une couleuvre venimeuse à cette population souffrante. Dans cette sempiternelle vulnérabilité indicible d’un peuple résilient, ce groupuscule de faiseurs de rois et d’imposteurs se révèlent de véritables tueurs du talent et du temps d’autrui. Ils sont consentants à assassiner l’avenir de toute une nation, comme si ses habitants étaient onze millions de zombis, des cons-sans-temps invités à des diners de cons où ils sont toujours les dindons de la farce occidentale. 

L’histoire post-dictatoriale du pays ne cesse d’illustrer que dans les contextes de méfiance et d’instabilité, les élections souillées d’ingérence et de mensonges font beaucoup plus de mal à Haïti. Quoique cruciales – celles crédibles alors – pour créer un climat de confiance adéquat et donc favoriser des partenariats et des investissements massifs, les élections ne sauraient s’ériger comme une panacée pour remédier aux problèmes profonds d’un pays.

Selon les caprices du Seigneur 

Dans sa posture d’un Seigneur implacable de l’Hémisphère, le leader de la communauté internationale annonce des actions factices et cosmétiques, et les conseillers du CPT suivent leur patron en optant pour des opérations électoralistes trompe-l’œil. Les hostilités électorales sont déclarées. Une manne pour les missionnaires diplomatiques qui concerteront avec des firmes locales et internationales pour écrire le narratif crypté à l’avance. On se souvient de Sola. Mais aussi, une caverne d’Alibaba pour les mercenaires médiatiques recrutés pour manipuler l’information, noircir le blanc et blanchir le noir en vue de persuader que les imposteurs maîtrisent le sujet. 

Ces rebelles à la voix de la raison sont obstinés à avancer dans un processus bancal, alors qu’à la vérité, les conseillers présidentiels tombés du ciel à qui les clés de la Cité sont confiées, n’en ont aucun contrôle des vies et des biens. Moment des lobbys, des deals et des dilatoires ; les enchères augmentent ; le trésor public va encore payer les pots cassés. Les mousquetaires de la corruption sont déjà à l’œuvre. Pour compléter le CEP, ils ont jeté leur dévolu sur des spécialistes qui savent caresser l’animal dans le sens du poil. Les ombres effacent la lumière ; le mensonge s’exhibe ; la vérité aurait pris le marquis. Tandis que l’Ouest et l’Artibonite – sous l’emprise des gangs depuis belle lurette – représentent plus de 60% de l’électorat, les mercenaires du CEP claironnent que 80% des centres de vote sont déjà prêts. Il faudrait déjà anticiper le cachet virtuel de ces élections dont les centres de vote seraient construits dans un mélange d’intelligence artificielle et d’intelligence politique à l’haïtienne. Apprentis bluffeurs ! 

Dans cette tour de Babel qui arrangent ceux qui se délectent à nager dans les eaux troubles, les experts du sophisme sortent une série d’élucubrations et de masturbations intellectuelles pour se positionner sur l’échiquier, soit pour accaparer le pouvoir ou en contrepartie de privilèges périlleux. Les racketteurs de Washington sont déployés, le laboratoire de la peur sera mobilisé et les animaux détraqués seront largués dans la jungle. Entretemps, le peuple languit dans sa souffrance interminable, attendant dans une éternelle expectative la bonne grâce d’une certaine providence pour lui offrir un morceau de planche de salut. 

Ces conditions d’une gangstérisation politique, où l’autorité de l’État est défiée et que la société est emprisonnée dans une spirale de gangue couplée d’ingérence et de corruption, interpellent la conscience citoyenne pour exiger un halte-là. Cette annonce électorale du CPT demeure une promesse creuse, reflétant moins la volonté de rétablir la démocratie qu’un stratagème de survie politique. Son opiniâtreté intéressée à planifier une prolongation de sa sinécure onéreuse à la tête du pays doit être lettre morte.

Les tenants du complot 

Le même refrain, la sphère géopolitique impliquant Haïti est animée par un jeu asymétrique mettant en scène des acteurs de Washington dont la parole toujours en langue de bois est portée par trois ambassades principales. Au cœur des projets d’Haïti « Made in DC », les agents doubles y sont décisifs ; rôle légué à des vaniteux et des traîtres. Aujourd’hui, la main de vilain est passée aux interlocuteurs du CPT et aux prétendus adversaires politiques aptes à se métamorphoser soudainement en des collaborateurs du laboratoire de la conspiration. Mais aussi, paradoxalement, les kidnappeurs désignés terroristes à une certaine phase du feuilleton cynique sont des acteurs majeurs dans cette politique de la terre brulée entretenue par des flibustiers qui tablent sur la portée des informations asymétriques qui leur donnent un avantage stratégique. 

Le peuple – le véritable mal scellé – est la principale victime de ce film d’horreur qui promet conflits, concussion et effusion de sang. Il y assiste naïvement – avec des yeux de poissons frits – les manipulations des marionnettes et croupions politiques qui décident de son oxygène, de son pain, de son destin. À quand donc la sainte colère et l’énergie de désespoir de ce peuple tant martyrisé ? Que faisons-nous de cette institution salvatrice « Vox Populi, Vox Dei » ? D’une seule voix, de celle du peuple, Haïti pourrait emprunter une nouvelle voie, la bonne, en direction de la paix, de la souveraineté et du développement. Les impérialistes ne pourraient y objecter. Il suffit que le peuple exige que la gouvernance soit assurée autrement, par des Haïtiens dignes. Dans l’honnêteté. 

Au crépuscule de sa vie égoïste, sinon mégalomane et cleptomane, le monstre CPT dont l’estomac est rempli de tous les déchets toxiques, tergiverse, bluffe et manipule. Après un an et demi d’improductivité, d’imposture et d’usurpation à la tête du pays, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) hallucine d’organiser des élections en Haïti. À qui aurait profité ce crime ? Voilà donc des jouisseurs et opportunistes qui vacillaient en sirène tonitruante entre la Villa d’Accueil et les bureaux de l’APU pour piller les caisses publiques et dépouiller les institutions de leur image sacrée, promettent d’assurer un retour à la légitimité démocratique. Vers quelle heure !

Depuis quand de véreux fraudeurs et opportunistes sauraient-ils exprimer empathie et incitations jusqu’à développer des stratégies pour que l’ordre politique et social soit rétabli ? Si le blackout a des effets néfastes pour le système social en général, il existe des clans qui ne vivent que de l’opacité. C’était au prix d’un risque minimal que ces neuf jouisseurs avaient gagné le gros lot de la loterie jamaïcaine pour devenir les premiers citoyens de la République emblématique. Sans aucun investissement électoral, ils ont pu bénéficier des honneurs, des fanfares présidentiels, et jouir de tous les avantages et privilèges réservés à la présidence. 

D’autant qu’ils sont impliqués dans des scandales de corruption, vous pensez que ce serait à cœur joie que ces prétendus conseillers présidents déplaceraient leurs fesses du fauteuil bourré pour prendre l’option de planifier une alternance politique viable pour accueillir de nouvelles figures à la magistrature suprême du pays ? Non ! Il revient aux forces vives de la nation de les foutre à la porte, à travers l’arme de la dialectique. Périssent les braqueurs pour qu’Haïti soit sauvée.  Il faut également sortir Haïti de ce piège des vieux briscards, inaptes à obtenir un iota dans les courses électorales, mais entêtés à prendre la politique en otage dans une transition jouissive, juteuse pour eux et leurs entourages. 

Ce moment crucial exige des interlocuteurs crédibles, désintéressés du pouvoir et de l’argent facile, issus en particulier de la société civile et du milieu universitaire, afin d’assurer une transition axée sur le rétablissement de la sécurité, la réponse aux urgences humanitaires et l’organisation d’élections véritablement inclusives. Les partis politiques décents s’engageront donc à cogiter pour proposer des offres politiques innovantes et adaptées pour sortir Haïti de ce cycle de traîtrise qui engendre des crises économiques et sociales indescriptibles. 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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