L’Organisation des Nations Unies traverse l’une des crises financières les plus graves de son histoire. Le Secrétaire général António Guterres a averti, le 17 octobre 2025, que l’ONU risquait tout simplement la « faillite » si les États membres ne réglaient pas rapidement leurs cotisations obligatoires. En cause : un manque chronique de liquidités et des retards de paiement qui fragilisent le fonctionnement même du système multilatéral.
Pour l’année 2026, le budget ordinaire proposé s’élève à 3,238 milliards de dollars, en forte baisse par rapport aux 3,715 milliards initialement demandés, soit une réduction de 15,1 % par rapport à 2025. Guterres a prévenu la Cinquième Commission de l’Assemblée générale que cette contraction budgétaire menaçait le maintien des opérations essentielles.
Les effectifs seront eux aussi drastiquement réduits : 11 594 postes sont prévus, contre 13 809 dans la version précédente, une coupe de près de 19 %. Si certaines missions politiques et programmes prioritaires seront préservés, d’importants services administratifs verront leurs moyens amputés.
La crise de liquidités, elle, s’aggrave : les arriérés de paiement atteignent 760 millions de dollars, auxquels s’ajoute la restitution prévue de 300 millions début 2026. À la fin septembre 2025, seuls 136 des 193 États membres avaient versé leurs contributions intégralement. Parmi les retardataires figurent plusieurs grandes puissances, dont les États-Unis, la Chine, la Russie et le Mexique.
« Tout retard supplémentaire nous rapprochera d’une véritable course à la faillite », a averti Guterres, appelant à la suspension temporaire des remboursements de crédits.
Malgré les coupes, certaines priorités demeurent : 37 missions politiques spéciales, le financement du système des coordonnateurs résidents (53 millions de dollars) et du Fonds pour la consolidation de la paix (50 millions), ainsi qu’un renforcement du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
L’examen du budget se poursuivra jusqu’en décembre. Mais sans un sursaut collectif, la principale institution du multilatéralisme mondial pourrait bientôt se retrouver incapable de remplir son mandat.

