Les Haïtiens continuent d’espérer que le Blanc viendra les délivrer.
Lorsque des handicapés mentaux occupent les postes de pouvoir, nous sommes condamnés à répéter les erreurs du passé, à devenir des marionnettes entre les mains des étrangers.
L’instabilité qui règne en Haïti est le résultat de la passivité de nos autorités — un paradoxe que j’ai du mal à comprendre dans l’être haïtien.
Il semble que les Chinois soient plus haïtiens que les Haïtiens, les Américains plus haïtiens que les Haïtiens, les Russes plus haïtiens que les Haïtiens, les Français plus haïtiens que les Haïtiens. Nous sommes devenus inhumains, insensibles à nos propres douleurs.
C’est un pays où l’on ne peut plus distinguer les dirigeants des dirigés : tous luttent dans une jungle sans objectif clair. Parfois, ce qui distingue un bon dirigeant, c’est sa capacité à anticiper, à voir plus loin que les autres.
La génération post-1986, qui prétend par ses discours détenir la solution aux maux du pays après le renversement du régime Duvalier, ne maîtrise pourtant pas les rudiments de la gouvernance. Elle se croit souveraine en théorie, mais reste prisonnière de ses illusions.
La jeunesse haïtienne, abandonnée, exclue, confrontée à un système hostile, demeure sous-développée et démunie. Haïti a besoin d’un nouveau souffle, d’un vent droit, d’hommes et de femmes qui osent penser grand et construire un avenir digne pour la patrie.
Nos dirigeants ont abandonné l’hymne national pour entonner le refrain de la “démocratie quotidienne”, sans même comprendre ce qu’est réellement la démocratie ni les exigences qu’elle impose.
Comme le disait Aimé Césaire, « une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. »
Haïti, aujourd’hui, en est l’incarnation parfaite : une nation qui se renie, qui s’agenouille devant l’étranger et qui oublie sa propre grandeur.
Césaire nous rappelait aussi que la véritable libération ne vient pas du colon, mais de la prise de conscience de soi. Tant que nos dirigeants resteront enchaînés sous la table du Blanc, tant que le peuple ne se lèvera pas pour redonner sens à sa dignité, Haïti restera prisonnière de sa propre servitude mentale.
Alceus Dilson , Communicologue, juriste
E-mail:alceusdominique@gmail.com
