Par Evans PAUL
Un crime contre la souveraineté
Il y a 219 ans, le 17 octobre 1806, l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation haïtienne, tombait sous les balles de ceux qu’il considérait comme ses frères d’armes.
Trahi, lâchement assassiné, son seul crime fut d’avoir libéré tout un peuple de l’oppression coloniale.
Dessalines avait brisé les chaînes du système esclavagiste et rêvait d’une répartition plus juste des richesses nationales.
Ce combat noble et audacieux lui coûta la vie.
Un avertissement prophétique
Héros révolutionnaire, Dessalines s’était engagé à offrir liberté, dignité et justice aux descendants d’Afrique devenus le peuple haïtien.
Visionnaire, il nous avait mis en garde :
« Si vos attitudes de trahison persistent, vous connaîtrez le sort des peuples ingrats. »
Ce qui paraissait alors comme un simple avertissement résonne aujourd’hui comme une malédiction persistante, profondément ancrée dans la conscience nationale.
La blessure originelle
L’ingratitude envers Dessalines ne l’a pas seulement conduit à la mort ; elle a déchiré le cœur même d’Haïti, précipitant le pays dans une lutte fratricide sans fin et détruisant l’unité nationale qu’il avait forgée dans le feu de la liberté.
Ses bourreaux, ne se contentant pas de l’avoir abattu, lui refusèrent même les honneurs funéraires dus à son rang d’Empereur et de Père de la Nation.
Abandonné dans la rue, son corps fut recueilli par Défilée et Dauphin, deux êtres que l’on disait « fous », mais dont la folie fut l’expression la plus pure du patriotisme.
Ils offrirent à l’Empereur déchu une sépulture improvisée — un geste d’une grandeur morale inégalée.
Le long silence et la réhabilitation
Pendant trente-huit années (1806–1844), le nom de Dessalines fut interdit de citation en Haïti.
Ce silence voulu visait à effacer non seulement sa mémoire, mais aussi l’âme même de la Révolution haïtienne.
Il fallut attendre Charles Rivière Hérard à la présidence d’Haïti, pour que l’honneur du Père fondateur soit rétabli.
Par la proclamation du 21 août 1843 et son discours du 1ᵉʳ janvier 1844, Dessalines fut réhabilité et la flamme de son héritage ravivée dans la conscience nationale.
Sous la présidence de Sténio Vincent, en 1930, une statue fut érigée au Champ de Mars, 124 ans après son assassinat — symbole tardif mais puissant de reconnaissance.
Les gestes modernes de mémoire
L’effort de réhabilitation s’est poursuivi dans l’histoire récente.
Sous la présidence de Michel Martelly et le gouvernement du Premier ministre Evans Paul, un mausolée fut inauguré le 17 octobre 2015 à Pont Rouge, lieu même de son assassinat.
Plus récemment, le 18 juin 2022, une nouvelle statue a été dressée à Grande Rivière du Nord, sa commune d’origine, en hommage à l’Empereur.
Dessalines, éternel guide
Jean-Jacques Dessalines demeure le symbole vivant de la résistance, de la dignité et de la souveraineté.
Son courage inébranlable et son dévouement à la liberté constituent les fondements mêmes de la nation haïtienne.
Aujourd’hui, plus que jamais, il nous revient de rendre justice à son héritage, de restaurer sa grandeur et de rallumer la flamme du patriotisme.
L’esprit combatif de Dessalines doit redevenir la boussole morale et politique de toute Action pour le Bien Commun (ABC).
Appel à la conscience nationale
Restaurons le prestige d’Haïti, première nation noire indépendante, phare universel de liberté, d’égalité et de fraternité.
Puissions-nous être dignes du rêve de Dessalines, afin que son sacrifice ne soit jamais vain.
Port-au-Prince, Haïti
Vendredi 17 octobre 2025