À 92 ans, Paul Biya s’apprête à briguer un huitième mandat consécutif à la tête du Cameroun, lors de l’élection présidentielle de dimanche. En poste depuis 1982, celui que ses opposants surnomment « le sphinx d’Étoudi » pourrait, s’il l’emporte, gouverner jusqu’à l’âge de 99 ans – un record absolu sur le continent africain. Malgré les doutes sur sa santé, le président sortant a déclaré cette semaine à Maroua que sa « détermination à servir demeure intacte ».
Mais pour beaucoup, cette élection n’a rien d’un véritable scrutin. L’opposition, affaiblie et fragmentée, dénonce une commission électorale inféodée au pouvoir. Le principal rival de Biya, Maurice Kamto, a été écarté par le Conseil constitutionnel, une décision jugée « inquiétante » par Human Rights Watch. Plusieurs autres candidats, dont Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary, anciens ministres du régime, peinent à incarner une réelle alternative.

Les jeunes Camerounais, qui représentent près de la moitié de la population, semblent désabusés. N’ayant connu que Biya comme dirigeant, beaucoup doutent de l’utilité du vote. Même Brenda Biya, la fille du président, a brièvement appelé sur TikTok à ne pas voter pour son père, avant de se rétracter.
Au-delà du résultat, les risques de tensions postélectorales sont bien réels. Entre les frustrations ethniques et linguistiques, la question de la succession et un climat social tendu, plusieurs analystes redoutent une nouvelle période d’instabilité dans ce pays stratégique d’Afrique centrale.