Dix-huit mois après sa mise en place, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en Haïti apparaît comme une démonstration éclatante de l’échec de la gouvernance par compromis artificiels.
Conçu comme un outil de stabilité, ce collège de neuf personnalités, censées représenter l’intelligence, la diversité et l’autorité morale du pays, n’aura produit ni vision, ni plan, ni résultats tangibles.
À l’heure où les gangs contrôlent plus de 80 % de la capitale, où la misère se creuse et où les institutions se délabrent chaque jour davantage, la population haïtienne regarde, médusée, un Conseil enfermé dans ses querelles intestines, dans ses rivalités d’ego et dans une incapacité chronique à transformer le chaos en projet. L’illusion que neuf « intellectuels » allaient incarner la renaissance démocratique s’est fracassée contre la réalité d’un pouvoir sans moyens, sans courage et, surtout, sans direction.
La communauté internationale, qui avait adoubé ce mécanisme de transition comme un compromis « acceptable », se retrouve désormais complice de cette paralysie. En refusant d’exiger une feuille de route claire, elle a conforté un statu quo où chacun parle, mais où personne n’agit. Résultat : dix-huit mois perdus, une population davantage désespérée et un État toujours plus fantomatique.
L’histoire retiendra peut-être ce Conseil comme l’une des plus grandes occasions manquées de la période post-Jovenel Moïse. Là où il fallait un sursaut de leadership, on a trouvé un cénacle de discours. Là où il fallait une vision, on a récolté des disputes. Et là où il fallait un plan, on a vu l’improvisation permanente.
Haïti n’avait pas besoin de neuf têtes sans bras, mais d’un projet politique crédible, d’une volonté d’État et d’une capacité à agir. Dix-huit mois plus tard, la conclusion est implacable : CPT, neuf intellectuels, zéro plan pour Haïti.
Lyndd J. Jasmin