Il était une fois un Premier ministre choisi Alix Didier Fils-Aimé. Un vrai metteur en scène…
Il descendait fièrement de sa voiture blindée, escorté de gorilles suants, sous le soleil tremblant du Champ de Mars. À ses côtés, le conseiller-président Leslie Voltaire hochait la tête, comme pour approuver le décor. Les caméras tournaient, les microphones suivaient : « Tout va bien à Port-au-Prince ! », déclaraient-ils, pendant que les façades éventrées des bâtiments murmuraienr : « Ah bon ? ».
Puis vint jeudi. Les bandits, eux, n’avaient pas été invités à la mise en scène de Gilles. Les “zones pacifiées” se sont réveillées en tumulte, et Alix Didier, héros d’un jour, courait à présent vers la voiture qu’il avait tant glorifiée.
Il était une fois, oui — mais pas deux fois.
Il était une fois, Fils-Aimé triomphant,
Marchant au Champ de Mars, l’air de conquérant.
Les caméras l’aimaient, les vitres brillaient,
Le peuple regardait… sans trop y croire, discret.
Jeudi pourtant, vent de déroute,
Les balles ont sifflé sur sa route.
Le cortège s’enfuit, sans sirènes au galop,
Et Port-au-Prince en rit… d’un rire un peu chaud
Il était une fois, et puis plus rien.
La République, elle, reste sans refrain.
