27 septembre 2025
A l’extérieur que le réel châtiment se jouera pour les oligarques haïtiens
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A l’extérieur que le réel châtiment se jouera pour les oligarques haïtiens

L’Edito du Rezo

Ils ont bâti leur pouvoir dans l’ombre, imposant ou renversant présidents et gouvernements au gré de leurs intérêts. Aujourd’hui, ils s’attaquent à la Constitution de 1987, et trouvent en Laurent Saint-Cyr et Alix Fils-Aimé les exécutants dociles d’une entreprise de démolition.

Voir un oligarque haïtien enfermé aux États-Unis, après des années de rapports privilégiés avec l’appareil d’État, tient presque du renversement historique. Là où l’on attendrait une comparution au Pénitencier national de Port-au-Prince, devenu le symbole des carences de la justice locale, c’est en Floride que se joue l’incarcération. La machine judiciaire haïtienne, sous tutelle implicite d’intérêts économiques et politiques, n’a jamais pu engager de procédure solide contre ceux qui ont capté les ressources publiques.

Le centre de rétention de Krome, qui a longtemps servi de sas pour des milliers d’Haïtiens contraints à l’exil par la misère et l’insécurité, accueille aujourd’hui un acteur de cette élite qui, d’une certaine manière, a participé à l’effondrement du pays. L’espace qui enfermait autrefois des anonymes venus chercher refuge devient ainsi le cadre d’un séjour forcé pour un puissant, révélant un déplacement brutal des rôles sociaux. L’exil, jadis subi par la foule, devient pour une figure oligarchique une expérience de privation et d’attente.

Ce déplacement met en évidence ce que l’on pourrait qualifier de retour de flamme : ce que la justice haïtienne n’a pas su entreprendre sur son propre sol se réalise ailleurs, sous d’autres juridictions. L’ancien intouchable se retrouve soumis à une procédure impersonnelle, loin des réseaux de protection dont il bénéficiait à Port-au-Prince. C’est à l’extérieur que le réel châtiment se jouera.

Il reste enfin à rappeler que l’histoire a ses échéances. Vous pouvez toujours tromper une fois un peuple mais jamais pour toujours. Les privilèges, les rapines, ont une date d’expiration semblable à celle d’une fiche de séjour dans une chambre d’hôtel. Cet hôtel peut s’appeler la Primature, le Parlement, les Douanes, l’APN, et même le Palais national. Mais un jour, la clé se rend, la porte se ferme, et le client trop sûr de lui découvre que sa chambre était provisoire.

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