Monsieur César,
C’est avec une profonde indignation mêlée de tristesse que je t’écris aujourd’hui . Regrettable, oui, regrettable d’entendre de votre bouche que ceux qui se dressent pour défendre le département de l’Artibonite, et en particulier la Cité de l’Indépendance, seraient des « gangs ». Vos mots sonnent creux, parce qu’ils révèlent à quel point vous ignorez l’histoire vivante de ce peuple.
Quand le pays entier s’effondrait sur ses genoux, quand l’espoir se nourrissait du courage de ces femmes et hommes que vous diffamez aujourd’hui, où étiez-vous, Monsieur César ? Dans les rues, à essuyer les vitres des voitures pour quelques pièces. Trop occupé à grappiller de quoi survivre, parfois même en jouant au pickpocket, vous n’aviez pas même le temps ni l’intérêt de connaître le nom de ceux qui, au prix de leur vie, osaient braver le danger pour tirer le pays hors de l’impasse d’un régime prédateur.
Nous vous pardonnons d’être ridicule et stupide. Peut-être que ce n’est pas de votre faute. Peut-être que votre parcours, votre absence d’éducation, ne vous ont jamais donné les outils pour traiter les gens avec respect. Il suffit de regarder votre vie de famille, d’écouter la manière dont vous parlez aux autres pour comprendre qui vous êtes.
Car voyez-vous, les Artibonitiens, et particulièrement les Gonaïviens, sont des hommes et des femmes d’une noblesse rare. Aimables, accueillants, ils croient que même au milieu des immondices peut surgir quelque chose de précieux. C’est sans doute cette même grandeur qui explique pourquoi vous êtes aujourd’hui chroniqueur à Matin Débat : parce que le journaliste vedette de cette émission, lui, est Artibonitien, un vrai, un Gonaïvien.
Avez-vous jamais entendu, Monsieur César, un chef de la coalition Viv Ansanm accuser un membre de l’auto-défense des Gonaïves d’appartenir à un quelconque groupe criminel armé ? Jamais. Mais vous, vous vous complaisez à salir leur nom, pendant que, sous la table, vous composez avec ceux-là mêmes que vous dénoncez, en quête de quelques billets glissés depuis la Primature d’Ariel Henry.
Alors, posons les mots avec clarté : si l’on doit désigner un « gang » entre ces défenseurs de leur cité et vous, le véritable gang, Monsieur César, c’est vous. Oui, vous, qui êtes prêt à tout même à déstabiliser votre pays pour quelques pièces.
Voilà la vérité que les Artibonitiens vous rappellent aujourd’hui.
23 Septembre 2025
Secrétaire Général
Société Civile Organisée des Gonaïves