Ni au niveau numérique ni au niveau qualitatif, Haïti ne fait aucun effort pour assurer sa sécurité. La nation est livrée à elle-même, exposée aux crises, aux gangs et à l’insécurité quotidienne.
À la tête de l’État, des individus sans vision ni compétence s’accrochent au pouvoir. Ils ignorent les fondamentaux de la gouvernance publique et ne savent même pas dresser un état des lieux de leurs forces de police et militaires. La Police nationale d’Haïti (PNH) compte environ 12 852 agents pour 11,5 millions d’habitants, soit 1 policier pour 894 habitants. Les Forces armées d’Haïti (FAd’H), rétablies en 2017, ne dépassent pas 1 500 membres, soit 1 soldat pour 7 667 habitants. Ces chiffres traduisent une incapacité chronique à protéger le peuple.
Depuis 1995, Haïti n’a montré aucune volonté politique de bâtir une armée solide. Les gouvernements successifs ont préféré l’inaction et la médiocrité. Les FAd’H restent symboliques, incapables de sécuriser le territoire ou d’assurer la protection des citoyens.
C’est là que la démocratie révèle ses limites dans notre contexte : elle propulse au pouvoir des individus incapables de penser ou d’agir pour leur peuple. Avant chaque décision, le politicien haïtien réfléchit sept fois soixante-dix-sept fois, non pour le bien national, mais pour sonder la volonté des puissances étrangères, principalement les États-Unis. Cette dépendance et cette mentalité coloniale perpétuent l’impuissance de l’État à protéger sa population.
L’ignorance au pouvoir ne se mesure pas aux diplômes, mais aux résultats concrets. Selon Platon, un dirigeant ignorant est celui qui ne peut résoudre les problèmes conjoncturels et structurels de son peuple. En Haïti, cette incapacité se traduit par une gouvernance dépendante, une sécurité inexistante et une population livrée à elle-même.
Théories classiques et contemporaines confirment ce constat :
- Platon (La République) : le pouvoir exercé par des individus non éclairés conduit au désordre et à l’injustice.
- Max Weber : un État ne fonctionne que si ses dirigeants possèdent l’autorité légitime et les compétences nécessaires.
- Samuel P. Huntington (Political Order in Changing Societies) : les États faibles dirigés par des individus incapables sombrent dans la corruption et la violence.
- Daron Acemoglu & James A. Robinson (Why Nations Fail) : des institutions extractives et des dirigeants incompétents détruisent la prospérité et la sécurité.
Pendant ce temps, les gangs prospèrent, la criminalité explose, et la peur devient le quotidien des citoyens. L’État, sous les mains des ignorants, devient incapable d’assurer la sécurité et le bien-être de sa population, laissant le pays à l’abandon.
Haïti court à sa perte, et ce sont les ignorants au pouvoir qui scellent son destin
Alceus Dilson, Communicologue juriste
E-mail: alceusdominique @gmail.com