23 septembre 2025
Washington Post | Haïti – Attaque de drones explosifs à Cité Soleil : au moins huit enfants tués, six autres grièvement blessés
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Washington Post | Haïti – Attaque de drones explosifs à Cité Soleil : au moins huit enfants tués, six autres grièvement blessés

Aucun communiqué n’a encore été publié par la Primature. Les images diffusées sont d’une extrême violence. Carnage à Simon Pelé : drones contre gangs, familles civiles décimées

Port-au-Prince, 23 septembre 2025 (Rezo Nòdwès) –
Une attaque de drones explosifs survenue samedi soir dans le quartier de Simon Pelé, à Cité Soleil, a provoqué un carnage qui bouleverse l’opinion publique. Selon des proches des victimes et des organisations de défense des droits humains, au moins huit enfants ont été tués et six autres grièvement blessés. L’attaque visait un chef de gang présumé, mais a touché en majorité des civils.

Des familles décimées par les explosions

Claudia Bobrun, 30 ans, a montré à l’Associated Press la vidéo de sa fille de 8 ans, gisant dans une mare de sang. D’autres parents ont témoigné dans les mêmes termes, évoquant une soirée d’horreur. Michelin Florville, 60 ans, a perdu deux petits-enfants, âgés de 3 et 7 ans, ainsi que son fils de 32 ans. Nanouse Mertelia, 37 ans, a raconté avoir retrouvé son fils amputé d’une jambe et d’un bras, qui lui suppliait : « Viens me chercher, maman ». Il est mort avant d’arriver à l’hôpital.

Responsabilités contestées

Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) accuse la Police nationale d’Haïti d’avoir lancé deux drones explosifs au moment où le chef de gang Albert Steevenson, alias « Djouma », célébrait son anniversaire. Selon l’organisation, Djouma distribuait des cadeaux à des enfants quand l’attaque a eu lieu. Au total, treize personnes ont été tuées, dont huit enfants, trois civils adultes et quatre présumés membres de gangs. Sept autres hommes armés auraient été blessés.

Le chercheur Romain Le Cour, de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, souligne que l’incident pose des « questions urgentes de responsabilité » : « Qui doit rendre compte ? Le Premier ministre ? Le Conseil présidentiel de transition ? La Police nationale ? Les compagnies privées de sécurité ? » Selon lui, cette attaque alimente le discours antigouvernemental des gangs et accentue la défiance de la population envers les institutions.

Silence des autorités et colère des habitants

Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’a été publiée par la Police nationale ni par le gouvernement de transition dirigé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Des habitants dénoncent un crime d’État et soulignent que la majorité des victimes étaient des civils sans lien avec les gangs. Aglamoïde Saint-Ville, 53 ans, a perdu son fils, conducteur de taxi-moto de 33 ans. Elle craint désormais de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa petite-fille de 6 ans : « L’enfant ne pourra pas aller à l’école, je ne sais pas comment nous allons manger », a-t-elle déclaré.

Des drones déjà critiqués

Ce n’est pas la première fois que des drones explosifs sont utilisés à Port-au-Prince. Début septembre, une opération similaire avait déjà causé la mort d’au moins 11 civils dans le centre-ville. Plusieurs ONG affirment que, malgré des frappes régulières depuis mars, les chefs de gangs les plus recherchés, comme Jimmy Chérizier alias « Barbecue », circulent toujours librement dans la capitale.

Un groupe de travail créé en début d’année, associant certaines unités de police et des contractuels privés, utiliserait ces drones en dehors du contrôle direct de la PNH. En juin, l’ancien président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, avait confirmé l’embauche de sociétés étrangères de sécurité, sans préciser le nom ni le montant des contrats.

Vectus Global et l’intervention internationale

L’attaque survient alors que la firme de sécurité américaine Vectus Global, liée à l’ex-Navy Seal Erik Prince, prépare le déploiement de près de 200 agents en Haïti pour un contrat d’un an visant à contenir la violence des gangs. Parallèlement, la mission multinationale dirigée par le Kenya, sous mandat onusien, compte à ce jour 991 agents, bien loin des 2 500 prévus, avec un budget de seulement 112 millions de dollars, soit 14 % du financement annuel estimé à 800 millions.

Réactions internationales

Dimanche, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a rencontré à New York Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition, réitérant la nécessité d’une action internationale urgente pour rétablir la sécurité. Le lendemain, Christopher Landau, secrétaire adjoint d’État américain, a insisté devant l’ONU : « Le temps d’agir, c’est maintenant. Cette crise ne peut être ignorée ni repoussée. »

source: Drone attack in gang-controlled slum in Haiti kills at least 8 children, injures 6 others – The Washington Post

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