Jean-Jacques Dessalines : le stratège hors pair.
Arriver à abattre la plus grande armée du monde n’est pas une mince affaire. Cela relève d’une bravoure et d’une capacité qui dépassent celles des gens ordinaires.
Malheureusement, un véritable « génocide historique » s’est perpétré en Haïti : pendant plus de 25 ans, il était même interdit de citer le nom de Dessalines. On a diabolisé son personnage et occulté son héritage.
Pourtant, la stratégie de Dessalines s’inscrit dans la logique des grands penseurs militaires. Carl von Clausewitz, dans De la guerre, souligne que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ; Dessalines, lui, comprit que la guerre d’indépendance devait être totale pour être victorieuse. À la manière de Sun Tzu dans L’Art de la guerre, il sut « connaître l’ennemi et se connaître soi-même » en adaptant ses forces, ses terrains et ses tactiques aux faiblesses françaises.
On retrouve également dans son approche des traits de la guerre asymétrique et de la stratégie de la terre brûlée, utilisées plus tard par la Russie durant la Seconde Guerre mondiale ou par les résistances anticoloniales du XXe siècle. C’est la logique du « faible contre le fort » analysée par le stratège Edward Luttwak : épuiser l’ennemi, le priver de ressources et saper son moral.
Blasphémer le nom et l’œuvre de Dessalines, c’est prolonger le travail de l’Occident qui, encore aujourd’hui, s’efforce de salir l’image de ce héros. Car la philosophie de Dessalines ne s’est pas limitée à Haïti : elle s’est propagée dans le monde entier, contribuant à changer l’ordre mondial grâce à la bravoure de ce génie. Le politologue Frantz Fanon, dans Les Damnés de la Terre, montre comment les révolutions anticoloniales se nourrissent de ces modèles fondateurs.
L’armée haïtienne devrait puiser sa doctrine dans la philosophie de ce grand homme, en y trouvant les bases d’une pensée stratégique nationale adaptée au contexte contemporain, tout comme les États modernes codifient aujourd’hui leurs doctrines militaires à partir d’expériences historiques fondatrices.
Alceus Dilson, Communicologue juriste