Le secteur de la bourgeoisie tente d’endormir l’opinion publique avec la nomination d’un nouveau directeur général à la douane. Pourtant, le véritable problème réside ailleurs : c’est le Code douanier haïtien qui doit être profondément réformé.
Changer une personne ne règlera jamais durablement les injustices liées aux tarifs douaniers. C’est là l’une des failles majeures des mouvements sociaux en Haïti : l’absence d’objectifs structurels.
Cette situation peut s’analyser à la lumière de plusieurs théories :
- Théorie institutionnelle (Douglas North) : le développement économique dépend de la qualité des institutions. Tant que les règles du jeu (ici, le Code douanier) restent inefficaces ou capturées par des intérêts privés, les changements de dirigeants sont sans effet réel.
- Théorie de la capture réglementaire (George Stigler) : les politiques publiques et les réglementations finissent par être contrôlées par les groupes d’intérêts qu’elles sont censées réguler. La bourgeoisie haïtienne, bénéficiaire du statu quo, influence le système douanier pour maintenir ses avantages.
- Théorie de la dépendance (Cardoso et Faletto) : les économies périphériques comme Haïti sont structurées de façon à servir des intérêts internes et externes, ce qui bloque toute réforme profonde. Le Code douanier devient alors un outil de reproduction de la dépendance économique.
- Théorie des élites (Vilfredo Pareto, C. Wright Mills) : les élites économiques et politiques forment un cercle restreint qui se maintient au pouvoir en contrôlant les décisions majeures, notamment douanières. Un changement d’individu ne remet pas en cause le système qui protège ces élites.
Tant que le Code douanier restera inchangé, les inégalités perdureront. Le système économique, lui, refuse tout bouleversement réel qui pourrait améliorer le sort des Haïtiens. Résultat : au lieu d’engager des réformes profondes, on prend des décisions purement cosmétiques pour « troubler l’œil » et détourner l’attention du peuple.
Alceus Dilson, Communicologue, juriste