Haïti traverse depuis des années une succession de crises politiques, économiques et sécuritaires. La violence, la misère et l’insécurité deviennent quotidiennes, et l’indifférence semble s’installer comme une norme. Sur les réseaux sociaux, la diaspora agit souvent comme si rien ne se passait dans le pays : la mort devient banale, la souffrance devient normale, et les tragédies ne suscitent ni émotion durable ni mobilisation concrète. Cette passivité, qu’elle soit locale ou lointaine, reflète un problème profond : l’affaiblissement du tissu social et la perte de responsabilité collective.
L’indifférence sociale n’est pas neutre. Elle traduit un effritement des solidarités et des valeurs communes, et, comme le soulignait Émile Durkheim, conduit à l’anomie, à la résignation et à l’isolement. Quand la souffrance est banalisée, la société se fragilise et risque de perdre sa capacité à se défendre, à se reconstruire et à avancer.
Pourtant, Haïti est née de la lutte et de l’insurrection contre l’inacceptable. Cette mémoire historique doit nous rappeler que chaque citoyen, sur place ou dans la diaspora, a un rôle à jouer. Ignorer la réalité ou la réduire à de simples tendances sur les réseaux revient à abandonner le futur de la nation.
Redonner vie à Haïti exige de refuser l’indifférence : s’informer, dénoncer, agir et soutenir. Une société qui accepte la souffrance comme normale est une société en voie de disparition. Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de raviver le sens de la responsabilité collective et de raviver l’espoir dans l’action concrète
Alceus Dilson, Communicologue, juriste