Chaque 8 septembre, le monde célèbre la Journée internationale de l’alphabétisation. En Haïti, cette date agit comme un miroir impitoyable, révélant la profondeur d’une plaie jamais soignée : plus de la moitié de la population adulte reste prisonnière de l’analphabétisme. Un chiffre qui, depuis des décennies, traduit l’incapacité chronique de l’État à relever ce défi fondamental.
Dans un pays où l’éducation est censée être la clé de l’émancipation sociale et économique, l’analphabétisme demeure un frein à la citoyenneté, à l’accès aux services de base et au développement.
Pourtant, les discours officiels se répètent sans jamais déboucher sur des résultats tangibles. Ministres de l’éducation et secrétaires d’État à l’alphabétisation se succèdent, multipliant plans et annonces, mais la réalité sur le terrain reste inchangée : pas de véritable stratégie nationale, pas de financement durable, pas de campagne d’envergure.
Cette indifférence institutionnelle frôle l’irresponsabilité. Comment espérer bâtir une démocratie solide quand une grande partie de la population est privée des outils de lecture et d’écriture ? Comment sortir de la pauvreté si l’État néglige le socle même du développement humain ?
La Journée internationale de l’alphabétisation, ailleurs occasion de présenter des progrès, se transforme en Haïti en rappel douloureux de promesses trahies. Tant que l’éducation de base ne sera pas érigée en priorité nationale, tant que l’analphabétisme sera traité comme un détail administratif, le pays restera prisonnier d’un cycle de dépendance et de vulnérabilité.