6 décembre 2025
De 1986 à aujourd’hui : l’élite haïtienne et la reproduction des inégalités
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De 1986 à aujourd’hui : l’élite haïtienne et la reproduction des inégalités

Quand l’élite devient frein au développement

En Haïti, l’élite n’est plus le moteur du progrès : elle est devenue un obstacle. Dans d’autres pays, les élites éclairent la société, guidant les masses vers de meilleures conditions de vie. Ici, au contraire, elles freinent toute initiative économique et sociale. Comme l’écrivait Max Weber : « La domination légitime repose sur la croyance en la légalité des ordres établis et du droit de donner des directives » (Weber, Économie et société, 1922). L’élite haïtienne semble avoir oublié cette responsabilité fondamentale.

Douanes et blocage économique : un paradoxe cruel

Le quotidien de la classe moyenne illustre parfaitement cette fracture. La douane, censée réguler le commerce, agit comme un filtre qui bloque l’investissement et favorise les intérêts de la bourgeoisie locale. La surtaxation frappe de plein fouet les citoyens déjà appauvris par l’insécurité et les gangs.

Un changement profond doit s’opérer : les douanes devraient faciliter l’entrée de matériels productifs et d’équipements de transformation pour créer des emplois et stimuler l’économie. L’État devrait encourager la diaspora haïtienne, véritable moteur potentiel de développement, au lieu de lui mettre des bâtons dans les roues. En freinant la circulation de ressources qui pourraient dynamiser le pays, l’État se transforme en obstacle plutôt qu’en serviteur de la nation.

La fracture sociale et l’échec des élites

Cette situation n’est pas nouvelle. Gaetano Mosca rappelait que : « Dans toute société, deux classes de personnes apparaissent : une classe qui gouverne et une classe gouvernée » (Mosca, La classe politique, 1896). Lorsqu’une classe dirigeante échoue à se renouveler, elle devient un facteur de blocage et de conflit. Vilfredo Pareto, quant à lui, prévenait : « L’histoire est un cimetière d’élites » (Les systèmes socialistes, 1902). Une élite qui refuse de répondre aux besoins du peuple court à sa propre disparition.

La classe dirigeante est le moteur économique d’une société. Lorsqu’elle est composée d’individus sous-développés dans leurs pratiques, égoïstes et avares, l’effondrement social n’est jamais loin. Pareto soulignait que l’incapacité d’une élite à se renouveler conduit inévitablement à des crises profondes et à la rupture de l’ordre social.

Un appel à la réforme

Depuis 1986, aucune décision économique majeure n’a été prise pour transformer l’ordre social haïtien. L’insécurité, la pauvreté et le blocage économique sont la conséquence directe de ce système inégalitaire, où l’élite protège ses privilèges au détriment de la majorité. Pour relancer Haïti, il est urgent de repenser la gouvernance, de réformer les douanes et de créer un environnement favorable à l’investissement, capable de libérer le potentiel économique du pays.

Alceus Dilson, Communicologue, juriste 

Alceusdominique@gmail.com

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