Le Conseil présidentiel de transition (CPT), surgissant ex nihilo, a convoqué ce lundi matin les membres contestés du Conseil électoral provisoire (CEP) à la Villa d’Accueil. D’après plusieurs sources, la rencontre avait pour objet de fixer la date d’un « référendum-bidon », qui serait envisagé pour un dimanche de novembre et déjà qualifié par le Barreau de Port-au-Prince de « fraude constitutionnelle ».
Divers regroupements sociaux et politiques dénoncent cette initiative comme une atteinte à la souveraineté nationale, soulignant que le pouvoir en place n’a ni mandat ni légitimité pour engager un tel processus.
Dans le même temps, le Premier ministre de facto, Alix Didier-Fils-Aimé, a reçu le bâtonnier et plusieurs avocats de l’Ordre de Port-au-Prince afin de discuter de l’avant-projet constitutionnel défendu par Enex Jean-Charles et compagnie. L’Ordre des avocats avait déjà, en fin de semaine dernière, exprimé son rejet, qualifiant l’initiative PHTK-CPT/Fils-Aimé « moins comme un exercice constituant que comme une entreprise de détournement juridique, visant à substituer à l’ordre constitutionnel de 1987 un édifice fragile, élaboré en marge des normes établies et des sacrifices historiques ayant présidé à l’adoption de la Charte fondamentale ».
Les observateurs rappellent que l’accord du 3 avril 2024, brandi comme fondement par le CPT et ses supporteurs, n’a jamais été publié au Moniteur et reste dépourvu de toute valeur normative. Une large partie de la population y voit un « référendum-bidon » imposé par un pouvoir corrompu sans mandat ni légitimité, risquant de précipiter la République pour longtemps dans une dérive contraire à son histoire constitutionnelle.

