15 octobre 2025
Haïti – 23 août 2025 : silence du CPT et de la Primature sur la Journée mondiale de l’abolition de l’esclavage
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Haïti – 23 août 2025 : silence du CPT et de la Primature sur la Journée mondiale de l’abolition de l’esclavage

L’Edito du Rezo

Mémoire occultée ? Haïti absente des commémorations internationales du 23 août 2025

Haïti est certes le premier pays noir au monde à avoir combattu l’esclavage, mais il demeure aujourd’hui le seul pays des Amériques dont les dirigeants semblent incapables de prendre des décisions sans consulter les ambassades. Le référendum illégal récemment programmé en constitue une preuve tangible. Les chaînes invisibles de l’esclavage réapparaissent ainsi, entravant le développement réel d’un pays dépendant de l’assistanat et fragilisant sa souveraineté politique.

La date du 23 août, précédée par la cérémonie du Bois Caïman du 14 août 1791, est reconnue à travers le monde comme la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Elle rappelle la nuit historique du 22 au 23 août 1791, lorsque les esclaves de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, se soulevèrent et déclenchèrent la Révolution qui bouleversa l’ordre colonial. Pourtant, à l’occasion de cette journée mondiale, ni la Primature ni la Présidence haïtienne n’ont publié de communiqué officiel. Ce silence institutionnel interroge : la classe dirigeante resterait-elle prisonnière d’une chaîne invisible de dépendance et d’oubli historique ?

Chaque 23 août, la communauté internationale célèbre la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, instaurée par l’UNESCO en 1997. Cette date, choisie pour son importance historique, renvoie à la nuit du 22 au 23 août 1791, lorsque les esclaves de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, se sont soulevés contre le système colonial. Cette insurrection, point de départ de la Révolution haïtienne, aboutira à la naissance de la première République noire moderne en 1804.

Le rôle de l’UNESCO et la mémoire haïtienne
La décision de consacrer cette journée a été prise lors de la 29ᵉ Conférence générale de l’UNESCO, afin de promouvoir éducation, réflexion et dialogue autour de la mémoire de l’esclavage. Dans cette dynamique, l’organisation a lancé en 1994 le Projet de la Route de l’Esclave, destiné à analyser les mécanismes de la traite transatlantique et à préserver ses traces pour les générations futures. Les premières commémorations officielles ont eu lieu en Haïti en 1998, puis à Gorée, au Sénégal, en 1999, renforçant le rôle central de la Caraïbe et de l’Afrique dans ce travail de mémoire.

Haïti, matrice de la liberté
L’insurrection de 1791, menée par des esclaves devenus figures de résistance, a marqué un tournant irréversible dans l’histoire universelle. En abolissant définitivement l’esclavage et en défiant les puissances coloniales, Haïti a ouvert la voie à l’émancipation des peuples dominés. Comme l’a souligné l’historien CLR James, « l’événement de Saint-Domingue a été la première victoire de la dignité humaine sur l’oppression raciale et coloniale ».

Une mémoire vivante et universelle
Les commémorations se déroulent désormais à travers le monde : expositions, conférences, marches mémorielles et activités pédagogiques sont organisées en Europe, en Afrique et dans les Caraïbes. À Liverpool, l’International Slavery Museum programme chaque année des activités pour rappeler les liens de la ville avec ce commerce triangulaire. En Haïti, la mémoire de la Révolution continue d’être un marqueur identitaire fort, rappelant au monde la contribution déterminante du pays à l’histoire des droits humains.

Actualité et portée critique
La célébration du 23 août ne se limite pas au passé ; elle interpelle aussi les sociétés contemporaines sur les héritages persistants de l’esclavage. Les inégalités raciales, les discriminations systémiques et les fractures sociales trouvent leurs racines dans cette histoire longue. En ce sens, l’UNESCO place cette journée aux côtés d’autres dates mémorielles comme le 25 mars (Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique) et le 2 décembre (Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage).

Haïti et la vigilance de l’histoire
Dans un contexte où le pays affronte aujourd’hui des défis multiples, la mémoire de 1791 rappelle une vérité intemporelle : Haïti est née d’un acte de liberté absolue, fondateur de la modernité politique. Cette mémoire universelle, si elle est célébrée à l’échelle planétaire, demeure un appel à la vigilance contre toutes les formes contemporaines d’asservissement et d’injustice.

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