Pour répondre aux carences structurelles et au manque d’autonomie financière de la ville, l’ingénieur Luckner Bayas propose un plan d’urbanisation complet pour le Cap-Haïtien. Son projet vise à réorganiser les quartiers, réaménager le littoral et renforcer les infrastructures, offrant ainsi une vision stratégique pour le développement local.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a nommé cette semaine un nouveau cartel communal au Cap-Haïtien, confiant la gestion de la ville à Madame Angie Bel, mairesse de facto. Cette décision survient dans un climat tendu, marqué par des protestations contre l’insalubrité et la dégradation des infrastructures, au moment même où la cité célébrait son 355ᵉ anniversaire. Dr Josué Renaud, représentant de New England Human Rights Organization et originaire du Cap-Haïtien, a livré son analyse sur cette nomination.
Au début de l’entretien, Dr Renaud s’est montré réservé. « Je ne m’attends pas à grand-chose de l’arrivée de Madame Bel. Les ressources générées par la ville sont presque toutes redirigées vers Port-au-Prince. Il reste bien peu pour financer des projets de développement au niveau local. »
Pour appuyer son argument, il a évoqué un précédent datant du régime duvaliériste.« À l’époque de Duvalier, M. Aublin Jolicoeur venait prélever les recettes issues des bateaux accostant à la baie du Cap. Ces fonds étaient aussitôt transférés à la capitale. »
Selon lui, cette centralisation budgétaire demeure aujourd’hui un obstacle majeur. L’aéroport international du Cap-Haïtien, ou encore le port de Labadie, qui génèrent des revenus significatifs, en sont des exemples : les recettes profitent largement au trésor central, tandis que la ville peine à entretenir ses infrastructures.
Revenant sur les causes profondes de ce déséquilibre, Dr Renaud a souligné les méfaits de la corruption, qu’il considère comme un frein majeur au développement : « Tant que la gestion des fonds restera opaque et accaparée par quelques-uns, le Cap-Haïtien continuera d’être marginalisé. »
Il a plaidé ainsi pour une gouvernance municipale dotée d’une autonomie financière, capable de réinvestir les ressources locales dans l’urbanisme, les services publics et l’économie de proximité.
Au-delà de ses critiques, Dr Renaud a évoqué une piste de réflexion « Focus sur le Cap-Haitien » portée par l’ingénieur Luckner Bayas, lui aussi originaire du Cap-Haïtien mais établi depuis plus de quarante ans aux États-Unis. M. Bayas a soumis un plan ambitieux d’urbanisation de la ville, articulé autour d’une restructuration des quartiers, d’un réaménagement du littoral et de plusieurs autres volets essentiels.
Ce projet, présenté comme une contribution citoyenne, est partagé ci-dessous.« Voilà le type d’initiative qui mérite d’être pris en compte. Mais pour qu’un tel plan voie le jour, il faut une municipalité forte, indépendante et transparente », a conclu Dr Renaud, qui a encouragé ses compatriotes du Nord à considérer le plan de ‘ingénieur Bayas comme un outil de développement offert gratuitement à la postérité.
Écoutez un extrait de l’entretien de Dr Josué Renaud avec Rezo Nòdwès.
Propos recueillis par cba.
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« Focus sur le Cap-Haïtien, à découvrir ci-dessous »

