Depuis plusieurs années, le Fonds National de l’Éducation (FNE) est présenté comme un levier essentiel pour améliorer le système éducatif haïtien. Entre le 15 juin 2011 et le 7 mars 2013, près de 48,6 millions de dollars américains ont été prélevés auprès des compagnies téléphoniques en Haïti, selon Haïti Libre.
Mais la situation devient plus alarmante lorsqu’on comprend que ce prélèvement annuel — ou un montant similaire — continue chaque année. En supposant que 48,6 millions soient collectés chaque année de 2011 à 2025 (soit 14 années complètes), le total brut atteint 680 millions de dollars. En ajoutant une actualisation moyenne de 2 % par an pour tenir compte de l’inflation, ce montant représente près de 900 millions de dollars en pouvoir d’achat 2025.
Ce capital colossal, s’il avait été géré avec transparence et utilisé à bon escient, aurait pu transformer profondément le paysage éducatif et sécuritaire du pays. Or, ce fonds est devenu le symbole d’une mauvaise gouvernance qui ronge Haïti. Plutôt que d’être investi dans la construction d’écoles, la formation des enseignants ou l’amélioration des infrastructures, il a été dilapidé, souvent à des fins politiques et personnelles, dans des subventions opaques et sans fondement.
Cette dérive illustre un mal plus profond : une gestion irresponsable des ressources publiques, privant Haïti de véritables leviers de développement. À titre d’exemple, avec 900 millions de dollars, il aurait été possible de créer et d’équiper une armée de 25 000 hommes et une police de 20 000 agents, garantissant sécurité et stabilité, conditions préalables à tout progrès social et économique.
Il est donc urgent que les autorités haïtiennes adoptent une politique de transparence et de responsabilité, en mettant fin aux détournements qui hypothèquent l’avenir du pays. La jeunesse haïtienne mérite plus que des promesses vaines : elle mérite des actions concrètes et un engagement réel pour un État de droit solide.
Je propose que ce fonds soit dorénavant versé prioritairement au renforcement de la sécurité nationale, afin de bâtir une armée solide, en quantité et en qualité, au lieu de continuer à le dilapider dans des subventions clientélistes et des projets fictifs.
Alceus Dilson
Juriste, Communicologue
E-mail : Alceusdominique@gmail.com