Normil Rameau, directeur général de la PNH révoqué une deuxième fois
Au service d’un gouvernement de facto accusé ouvertement d’incompétence et d’un Exécutif « ex nihilo », obéissant à la logique de neutraliser toute contestation populaire, M. Normil Rameau illustre la permanence des fidélités opportunistes et des manœuvres politiciennes au sommet de l’État haïtien. Sa nomination, sans approbation du Sénat comme l’exige la Constitution de 1987, témoigne d’un affaiblissement des institutions démocratiques.
Déjà nommé en août 2019 par arrêté présidentiel, Rameau avait été écarté en novembre 2020 en raison de son incapacité à juguler la prolifération des gangs fédérés G9. Rappelé en juin 2024 par le Conseil Présidentiel de Transition, il prenait de nouveau les rênes de la PNH au milieu d’une crise sécuritaire exacerbée.
En avril 2025, l’autorité de Normil Rameau était déjà contestée au sein du Conseil présidentiel, comme l’illustrait la visite stratégique de Leslie Voltaire à son bureau, prélude à de profondes divergences internes sur sa légitimité. Dans le même temps, quatre conseillers avaient tenté, en vain, de faire adopter une résolution de révocation, révélant des tensions nourries par la compétition autour des marchés de l’armement et des intérêts occultes au sein du CPT.
Un an plus tard, le bilan est accablant : l’autorité de l’État s’est effondrée dans plusieurs régions (Ouest, Centre, Artibonite), plus de 64 policiers ont été assassinés, et les territoires « perdus » n’ont pas été reconquis. La violence armée s’étend, et des quartiers entiers du pays restent hors de contrôle.
Le vendredi 9 août 2025, la nouvelle a circulé sur les réseaux sociaux : moins de vingt-quatre heures après une mise en scène publique aux côtés du nouveau coordonnateur du CPT, Laurent Saint-Cyr, Rameau était démis de ses fonctions. Cette décision, éminemment politique et portée par la volonté d’Alix Didier Fils-Aimé de compenser son échec à empêcher la livraison de Kenscoff aux gangs Viv Ansanm, relève moins d’une urgence sécuritaire — bien que celle-ci demeure — que de calculs de stabilité interne entre l’exécutif et les élites politico-économiques.
Son successeur, Vladimir Paraison, attaché à l’unité de sécurité du Palais national, et en poste lors de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moise, hérite d’une institution en pleine désagrégation. Chargé de restaurer l’autorité de l’État, il doit simultanément faciliter la tenue d’un référendum suivi d’élections générales dans un délai de six mois, un objectif irréaliste dans la mesure où aucun candidat crédible n’émerge dans un climat d’insécurité généralisée.
Aucun ancien directeur général de la PNH n’a jamais été traduit en justice pour les pertes humaines enregistrées sous sa responsabilité. Normil Rameau pourrait, comme ses prédécesseurs, prendre la direction de Washington, lieu privilégié des postes de convenance, ou être rappelé pour un troisième mandat, si la logique circulaire de l’État haïtien se perpétue entre impunité et illusion de réforme.

