12 décembre 2025
Dr Bobb Rousseau : Il n’y avait pas de vaudou à la Cérémonie du Bois-Caïman
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Dr Bobb Rousseau : Il n’y avait pas de vaudou à la Cérémonie du Bois-Caïman

Reprendre la Vérité sur la Cérémonie la Plus Mal Interprétée d’Haïti

Par Bobb Rousseau, PhD

L’histoire est souvent racontée par ceux qui ne la comprennent pas. Dans le cas de la cérémonie de Bois-Caïman, l’incompréhension est devenue mythe, et le mythe est devenu évangile culturel. Mais soyons clairs : il n’y avait pas de vaudou cette nuit du 14 au 15 août 1791. Pas comme beaucoup le croient. La cérémonie de Bois-Caïman n’était ni une stratégie militaire soigneusement planifiée ni une séance mystique de vaudou. C’était une fête, un moment de relâchement, de communauté et de lucidité collective.

Les esclaves avaient obtenu un rare jour de congé pour honorer l’Assomption de la Vierge Marie, une fête catholique, et non un rituel vaudou. Ils se sont rassemblés, ont cuisiné, dansé, tué des cochons et des poules, oui, mais pour les manger, pas pour les adorer. C’était une célébration de la survie. En discutant, en partageant leurs histoires et en comparant leurs conditions de travail, ils ont commencé à prendre conscience d’une vérité commune. Ils ont commencé à réaliser qu’ils étaient les moteurs de l’immense richesse de Saint-Domingue, et pourtant, ils ne possédaient rien; même pas eux-mêmes.

Ce moment spontané de prise de conscience, et non une prophétie divine ni un plan élaboré, a donné naissance à la résistance. Bookman, une figure charismatique, a vu l’étincelle et l’a transformée en flamme. Il n’a pas conduit un réveil religieux. Il a proposé une vision : la révolte. À partir de là, la décision de brûler les plantations, un acte à la fois symbolique et tactique, n’était pas mystique mais bien matériel. Ce n’était pas la première fois que des esclaves incendiaient des champs de canne à sucre, mais cette fois, cela s’est fait avec conviction collective et coordination.

Les historiens comme les spiritualistes ont recouvert la clarté brute de cette nuit avec leurs propres pinceaux. Les premiers y ont vu un plan révolutionnaire, les seconds, une cérémonie sacrée de vaudou. Tous deux se trompent.

Démystifions le mythe : les esclaves n’ont pas apporté le « vaudou » d’Afrique. Ils ont apporté des systèmes spirituels, des traditions ethniques et des rituels culturels, complexes, variés, et qui ne rentrent pas dans la conception moderne du vaudou. Le terme « vaudou » a été plus tard utilisé comme une arme par les pouvoirs coloniaux pour diaboliser l’identité haïtienne et justifier la répression. Même aujourd’hui, le mythe d’un cochon sacrifié lors d’un pacte spirituel continue de déformer ce qui n’était, en réalité, qu’un groupe d’êtres humains réduits en esclavage prenant conscience du poids de leurs chaînes, et choisissant de les briser.

Oui, la spiritualité allait devenir importante par la suite. La foi, sous plusieurs formes, a nourri l’endurance pendant la longue guerre de l’indépendance. Mais dire que cette nuit à Bois-Caïman fut un moment religieux, c’est effacer la puissance du réveil, du questionnement, de la prise de conscience collective pour la première fois. C’est un mensonge flagrant et injuste.

La révolution haïtienne n’a pas commencé avec le vaudou. Elle a commencé avec l’honnêteté, la douleur et le feu, non pas descendus des dieux, mais jaillis de la terre.

Bobb Rousseau 

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