28 décembre 2025
Brésil : Lula veut offrir à Trump des jabuticabas, un fruit qui chasse « la mauvaise humeur »
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Brésil : Lula veut offrir à Trump des jabuticabas, un fruit qui chasse « la mauvaise humeur »

Lula offre des jabuticabas à Trump en réponse à la guerre commerciale : humour, souveraineté et stratégie politique

Alors que Donald Trump menace le Brésil d’une surtaxe de 50 % sur ses exportations dès le 1er août, Lula a choisi une réponse aussi symbolique qu’ironique : offrir au milliardaire américain des jabuticabas, petits fruits brésiliens réputés pour leur douceur… et leur capacité, selon le président, à « chasser la mauvaise humeur ».

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par la première dame, Rosangela da Silva (« Janja »), on voit Luiz Inacio Lula da Silva, en jogging, cueillir des jabuticabas dans son jardin. « Celui qui mange des jabuticabas n’a pas besoin de bataille douanière », plaisante-t-il, souriant.

Cette sortie décalée masque mal la tension diplomatique croissante entre les deux plus grandes puissances des Amériques. Trump justifie sa décision tarifaire par la supposée « chasse aux sorcières » dont serait victime son allié Jair Bolsonaro, actuellement jugé pour tentative de coup d’État. Lula dénonce pour sa part une ingérence inacceptable et promet une riposte basée sur la réciprocité commerciale.

L’occasion, pour le chef d’État brésilien, de se poser en défenseur de la souveraineté nationale, dans une campagne de communication savamment orchestrée : « Brésil s’écrit avec un S, pas avec un Z », martèle-t-on à Brasília. Dans les faits, Lula se rapproche des secteurs industriels et agroalimentaires, historiquement proches du bolsonarisme, pour sceller une union sacrée face à la menace économique.

Pour de nombreux analystes, cette crise est même un cadeau politique inattendu. Face à une popularité en berne, à l’inflation persistante et à des revers parlementaires, Lula retrouve une posture de chef d’État rassembleur. L’extrême droite, elle, est désorientée : entre soutien à Trump et crainte des retombées économiques, ses leaders peinent à afficher une ligne claire.

Eduardo Bolsonaro, député et fils de l’ex-président, assume son rôle d’intermédiaire entre Trump et l’aile dure de la droite brésilienne. Il revendique un succès diplomatique et remercie publiquement le président américain. Son père, plus prudent, appelle à une amnistie parlementaire qui pourrait effacer son inéligibilité actuelle.

Mais cette manœuvre divise à droite. Le gouverneur de São Paulo, Tarcisio de Freitas, possible prétendant en 2026, a d’abord soutenu Trump, avant de se raviser sous la pression des milieux industriels.

« La droite est désorientée. Lula a rassemblé autour de lui des forces économiques qui lui étaient hostiles », observe Geraldo Monteiro, politologue à l’université fédérale de Rio. Reste à voir si les jabuticabas suffiront à désamorcer une crise qui dépasse les saveurs sucrées.

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