L’absence des membres de la famille de Jovenel Moïse et des figures de son entourage immédiat lors de la messe de requiem organisée ce lundi 7 juillet 2025 au Palais national, à l’occasion du 4e anniversaire de l’assassinat du 58e président d’Haïti, confirme la profonde fracture qui divise le milieu politique haïtien.
Dans sa note d’invitation à la cérémonie d’hommage, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a curieusement indiqué que Jovenel Moïse est « décédé » le 7 juillet 2025. Une formulation pour le moins controversée, qui a suscité de nombreuses interrogations quant aux motivations réelles de la présidence consensuelle à éviter le terme « assassinat », pourtant reconnu de tous.
Au même moment, dans son homélie, le père Jean-Robert Louis a retracé la vie de l’ancien président, partagée entre volonté de servir, rêve de transformer le quotidien des Haïtiens et détermination à affronter les obstacles structurels de l’État. Le curé de la paroisse Sacré-Cœur a dressé le portrait d’un leader atypique, profondément attaché à sa vision de redonner à Haïti ses lettres de noblesse. Devant les conseillers-présidents et leurs invités, il a déploré les circonstances tragiques de sa disparition, contredisant en filigrane la thèse d’un simple décès évoquée par le pouvoir en place.
Dans la salle restreinte du Palais national réservée à la cérémonie, plusieurs visages proches de Jovenel Moïse, tout comme des membres du corps diplomatique, brillaient par leur absence. Patrick Norzéus, ancien député et figure emblématique du « jovenélisme » pur et dur, fut l’un des rares à diversifier une assistance très politique. En insistant sur le mot « décès », le CPT n’a-t-il pas contribué à accentuer l’érosion de l’entourage du défunt président ?
Au terme des hommages, la délégation officielle a quitté le Palais national précipitamment, sous des détonations sporadiques. Le dispositif de sécurité de la PNH s’était limité au périmètre immédiat du Champ-de-Mars, notamment à l’avenue de la République. Plus loin, à l’horizon des rues Magloire Ambroise, Saint-Honoré et Capois, s’imposait le triste spectacle d’une capitale fantôme.
Hervé Noel
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