Ce lundi, les rues de Nairobi, d’habitude animées, étaient quasi désertes, sous haute tension avant une nouvelle journée de manifestations antigouvernementales. Les principales voies d’accès à la capitale kényane avaient été coupées par les forces de l’ordre, qui ont déployé un dispositif policier renforcé pour prévenir tout débordement.
Cette mobilisation intervient lors de la Journée Saba Saba, commémorant le soulèvement pro-démocratique de 1990. Cette année, l’hommage coïncide avec une vague de contestation persistante depuis un an contre la hausse des taxes, la corruption, les disparitions forcées et la brutalité policière sous la présidence de William Ruto.
Malgré un faible nombre de manifestants dans le centre-ville, des affrontements ont eu lieu entre policiers et groupes de jeunes, certains jetant des pierres tandis que la police ripostait avec des gaz lacrymogènes. Des canons à eau ont aussi été déployés en périphérie et dans d’autres villes.
Depuis les violences du 25 juin, qui ont fait 19 morts et 500 arrestations, les autorités dénoncent un « coup d’État déjoué », tandis que les manifestants dénoncent des provocateurs payés par le pouvoir. Ce mouvement, porté en majorité par la jeunesse urbaine et connectée, réclame notamment le départ du président Ruto, accusé de ne pas tenir ses promesses.
Les organisations internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont vivement critiqué la répression policière et demandé des enquêtes indépendantes, alors qu’un gang armé a récemment attaqué le siège de la Commission des droits humains. Pour certains experts, la répression rappelle celle des années 1990, mais la société kényane a évolué, rendant la situation plus complexe à gérer.

