Dans un nouvel épisode diplomatique aux relents de rivalité africaine, le général ougandais Muhoozi Kainerugaba a déclenché une onde de choc samedi 5 juillet en affirmant que ses troupes pourraient, en l’espace d’un mois, « capturer Port-au-Prince » et mettre fin au règne des gangs en Haïti — là où, selon lui, les forces kenyanes échouent depuis bientôt deux ans.
Fils du président ougandais Yoweri Museveni et chef d’état-major des forces armées (UPDF), le général Kainerugaba s’est exprimé sur le réseau social X, dans un ton martial et provocateur :
« Donnez-nous deux mois avec les bandits de Port-au-Prince, et vous verrez ce qu’il en advient. »
Dénonçant l’inefficacité de la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), dirigée par le Kenya sous l’égide de l’ONU, le général a proposé que l’Ouganda prenne le relais. Il a même lancé une menace directe au chef de gang haïtien Jimmy Chérizier, alias « Barbecue » :
« Je viens pour toi. Tu ne survivras pas. »
Une déclaration qui relance les tensions autour d’une mission contestée sur le plan local et international, et qui intervient quelques jours après que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a alerté sur les ressources insuffisantes de l’intervention.
Déjà en 2022, Muhoozi Kainerugaba avait provoqué la colère de Nairobi en affirmant qu’il ne lui faudrait « pas deux semaines pour capturer la capitale kenyane », forçant Kampala à présenter des excuses diplomatiques. Cette fois encore, ses propos fragilisent l’équilibre déjà instable d’une opération de paix à la peine.
Sur le terrain, malgré des gains symboliques (l’aéroport international, quelques écoles, des hôpitaux), la mission kényane peine à enrayer l’anarchie armée qui règne dans la capitale haïtienne. Et à dix jours de l’évaluation du renouvellement de cette force multinationale, les paroles de Muhoozi viennent ajouter du tumulte à une intervention dont les succès restent modestes, et les lendemains incertains.

