21 novembre 2025
La réforme constitutionnelle lancée par l’américaine Helen La Lime coûte cher au peuple haïtien
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La réforme constitutionnelle lancée par l’américaine Helen La Lime coûte cher au peuple haïtien

C’est une réforme qui n’a jamais eu de base populaire, ni de légitimité politique. Une réforme téléguidée, commandée, imposée : celle initiée par Helen Ruth Meagher La Lime, ancienne représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti. Derrière des discours d’« efficacité » et de « modernisation institutionnelle », se cachait une entreprise d’ingérence aussi coûteuse qu’hypocrite. Le peuple haïtien en paie aujourd’hui le prix fort, dans sa chair et dans son sang.

À coups de millions de dollars, cette réforme constitutionnelle a servi à alimenter un réseau de consultants, de politiciens sans ancrage, de journalistes achetés et de diplomates affairés. Cette brutale offensive va de pair avec celle qui vise à enterrer toute velléité de rendre justice dans le scandale PetroCaribe. Ce même scandale qui devait mettre à nu les responsables du pillage de 4 milliards de dollars appartenant au peuple haïtien. Aujourd’hui, les coupables paradent toujours. En revanche, ce sont les innocents qui fuient, meurent ou se taisent.

Pendant qu’on organisait dans de luxueux hôtels des « dialogues inclusifs » stériles et des « forums constitutionnels » sans aucun ancrage populaire, le pays sombrait. Les gangs, devenus acteurs politiques de substitution, ont été lâchés sur la population, instrumentalisés comme levier de pression pour justifier l’imposition d’un nouvel ordre. Un ordre qui ignore les aspirations des Haïtiens à la justice, à la souveraineté, à la dignité.

Le coût humain de cette réforme imposée est effroyable. Selon les chiffres de l’ONU, des milliers de morts, des centaines de femmes violées, des dizaines de milliers de déplacés internes. À cela s’ajoutent des traumatismes collectifs profonds, des familles démembrées, des écoles fermées, des rêves brisés. Une génération entière sacrifiée sur l’autel d’une réforme sans peuple, au service d’une élite corrompue et d’un agenda international opaque.

Et pourtant, l’argent continue d’affluer pour ces comités interminables, ces voyages somptuaires à l’étranger, ces experts déconnectés qui n’ont jamais mis les pieds à Cité Soleil ni discuté avec un seul paysan de la Grand’Anse. Le peuple haïtien, lui, n’a pas le luxe des faux frais ni des per diem en dollars. Il subit, il enterre ses morts, il fuit les balles, il crie en silence.

L’histoire retiendra que cette prétendue réforme constitutionnelle, drapée dans les habits de la démocratie et de la bonne gouvernance, aura été l’une des opérations les plus cyniques jamais imposées à Haïti dans l’après-Duvalier. Une opération menée non pour libérer, mais pour neutraliser. Non pour reconstruire, mais pour effacer.

À ceux qui veulent réellement construire une Haïti nouvelle, il ne suffit plus de dénoncer. Il faut rompre avec ces mascarades coûteuses, reprendre le contrôle de nos institutions, exiger des comptes sur PetroCaribe, et refonder le contrat social à partir de la douleur, des luttes, et de l’espérance du peuple haïtien lui-même — pas des ambassades.

Tant que ce changement ne viendra pas du peuple et pour le peuple, toutes les réformes ne seront que des régressions déguisées.

Daniel Alouidor

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