par Elensky Fragelus
ils disent :
« regarde comme il est pauvre »
mais ils ne voient pas
comment je tiens le ciel
avec mes deux bras.
ma peau sait parler
même quand ma bouche se tait.
chaque cicatrice
c’est une syllabe dans la langue du réel.
on m’a appris à ne rien attendre
mais à tout donner.
la chaleur dans le ventre,
la rumeur dans les veines,
la danse qu’on n’arrête jamais
même quand la musique s’épuise.
la pluie tombe comme un vieux tambour triste.
mais moi,
j’avance pieds nus,
le cœur en armes.
le pays vit dans mes gestes —
pas les cartes,
pas les discours.
juste la façon dont je serre un fruit,
dont je lève les yeux,
dont je dis « nou la ».
je suis né dans un endroit
où les prières n’ont pas de toits.
elles montent,
sans escale,
direct
au feu.
Elensky Fragelus