14 octobre 2025
NBC News – Décret Trump : plus de 300 enfants haïtiens se verront refuser une opération cardiaque, prévient l’ICA
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NBC News – Décret Trump : plus de 300 enfants haïtiens se verront refuser une opération cardiaque, prévient l’ICA

Le décret de Trump bloque des traitements vitaux pour des enfants haïtiens en attente d’une chirurgie cardiaque

The International Cardiac Alliance’s total waitlist for Haitians, ranging from infants to young adults, totals at least 316 people who need heart surgery, said Executive Director Owen Robinson. Some are placed in hospitals in the Dominican Republic and occasionally the Cayman Islands. But there are currently five open surgical slots in the U.S.

Les responsables d’une organisation humanitaire ayant permis à plus de 100 enfants haïtiens atteints de graves maladies cardiaques de se faire opérer aux États-Unis ont averti que l’interdiction d’entrée imposée par le président Donald Trump à l’encontre des ressortissants de 19 pays compromet désormais les interventions vitales prévues pour au moins une douzaine d’enfants et de jeunes adultes.

Ce décret présidentiel, qui entre en vigueur ce lundi, suscite une vive inquiétude et a été condamné par de nombreux responsables internationaux. Bien que le texte accorde des exemptions aux résidents permanents légaux des États-Unis ou aux personnes se rendant dans le pays pour la Coupe du monde ou les Jeux olympiques, aucun cas de nécessité médicale n’est mentionné — y compris pour les patients traités par l’International Cardiac Alliance (ICA).

Selon son directeur exécutif, Owen Robinson, l’ICA compte actuellement sur liste d’attente au moins 316 patients haïtiens, de la petite enfance à l’âge adulte, nécessitant une opération cardiaque. Si certains peuvent être orientés vers des hôpitaux en République dominicaine ou occasionnellement aux îles Caïmans, cinq créneaux opératoires demeurent encore disponibles aux États-Unis.

« Certains peuvent attendre quelques mois, mais d’autres mourront très rapidement s’ils ne reçoivent pas d’intervention maintenant », a déclaré Robinson.

Le décret prévoit que le secrétaire d’État américain peut octroyer des exemptions de visa si cela « sert un intérêt national des États-Unis ». Toutefois, il n’est pas certain que les patients de l’ICA répondent à ce critère. Ni la Maison-Blanche ni le département d’État n’ont répondu aux sollicitations de NBC News.

« Chaque semaine, des enfants décèdent faute de place dans les centres médicaux à l’étranger », a encore déploré Robinson.

Certains enfants voyagent directement depuis Haïti vers les États-Unis pour y être opérés, avant de rentrer dans leur pays. Mais pour d’autres, un parcours complexe les oblige à transiter par les États-Unis pour accéder à d’autres destinations médicales. L’interdiction de voyage vient perturber gravement ces itinéraires logistiques déjà précaires.

C’est le cas de Fabienne René, 16 ans, diagnostiquée en février d’une cardiopathie rhumatismale. Résidant à Port-au-Prince, elle est désormais dans l’impossibilité de se rendre à l’école, victime d’essoufflements constants. Son père, Fignolé René, se dit « bouleversé » par les conséquences du décret, qui pourrait annuler le voyage médical de sa fille vers la République dominicaine via les États-Unis.

« C’est un coup de massue. Il n’y a aucun endroit en Haïti où elle peut être soignée. La seule porte d’espoir était celle de la Cardiac Alliance », a-t-il déclaré en créole, via un traducteur.

L’ambassade américaine à Port-au-Prince a récemment informé l’ICA de son incapacité probable à délivrer des visas en raison de la nouvelle mesure. Pourtant, par le passé, elle avait facilité à de nombreuses reprises la venue d’enfants haïtiens pour des soins médicaux. Le bureau de la représentante démocrate Becca Balint (Vermont) s’est engagé à contacter le département d’État afin d’explorer d’éventuelles dérogations.

Le Dr John Clark, cardiologue pédiatrique à l’hôpital pour enfants d’Akron (Ohio), explique que la maladie de Fabienne est fréquente en Haïti, où les angines streptococciques ne sont souvent pas traitées. Ces infections répétées peuvent évoluer en complications cardiaques graves si elles ne sont pas prises en charge médicalement.

L’hôpital pédiatrique Saint-Damien de Port-au-Prince a accueilli des missions chirurgicales étrangères entre 2015 et 2019. Mais depuis, la violence persistante des gangs empêche toute équipe internationale d’y intervenir. L’absence de médecins et le déclin de l’enseignement médical en Haïti aggravent la crise, selon Clark.

En 2019, lors d’une mission médicale, des médecins américains réalisaient deux chirurgies cardiaques par jour. Depuis, les attaques de gangs — dont l’agression d’une ambulance et le meurtre par lapidation d’un agent hospitalier — ont entraîné l’arrêt des missions médicales.

Les violences ont empiré depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Haïti, déjà parmi les pays les plus pauvres du monde, fait face à une insécurité alimentaire, une corruption endémique, et reste vulnérable aux catastrophes naturelles. L’absence d’accès aux soins favorise la propagation de maladies comme le choléra.

« J’espère qu’un jour la situation se stabilisera et que nous pourrons revenir », confie le Dr Clark. « Mais aujourd’hui, il est impossible d’y retourner. »

Andrice Boncoeur, 16 ans, avait reçu une chirurgie cardiaque gratuite en République dominicaine à l’âge de 9 ans. Cette intervention, censée être temporaire, nécessite aujourd’hui une correction permanente, pour laquelle un voyage via les États-Unis était planifié.

Mais son père, André Boncoeur, n’a pas encore trouvé la force d’annoncer à son fils l’annulation de ce projet.

« Nous avons tout dépensé pour ses soins. Nos ressources sont presque épuisées », confie-t-il. « Mon fils veut devenir pasteur. J’espère encore qu’il aura une chance de vivre comme un enfant normal. »

Le Dr Clark, Owen Robinson et les parents des patients en appellent à la compassion des autorités américaines.

« Ces enfants sont les fils et les filles de quelqu’un. Ils n’ont pas accès aux soins vitaux. Est-ce qu’il n’y aurait pas encore une place pour un peu de compassion ? », interroge le Dr Clark.

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