Haïti visée par une nouvelle interdiction de voyage aux États-Unis : une ONG du Maine dénonce une politique discriminatoire
Falmouth, Maine — Le nouveau décret migratoire du président Donald Trump suscite de vives réactions. Parmi les douze pays désormais interdits d’entrée sur le territoire américain figure Haïti. Une décision qui a des répercussions immédiates sur des organisations de coopération internationale, comme Konbit Sante, basée à Falmouth, qui soutient des structures de santé dans la région du Cap-Haïtien.
« Nous ne pouvons plus former du personnel haïtien aux États-Unis pour qu’il retourne ensuite travailler dans les établissements médicaux d’Haïti », déplore Perry Newman, directeur exécutif de Konbit Sante. Il rappelle qu’« environ un million d’Haïtiens vivent aux États-Unis, et beaucoup voyagent entre Haïti et la Floride pour voir leur famille ou faire étudier leurs enfants ici ».
Selon le président Trump, ces douze pays — dont la liste comprend notamment la Somalie, l’Iran, la Libye et désormais Haïti — ne permettraient pas une vérification adéquate des antécédents des voyageurs, ce qui poserait un risque sécuritaire. Pour Newman, cet argument ne tient pas : « Si vous avez la peau plus foncée que la mienne, vous êtes probablement sur cette liste », affirme-t-il. Interrogé sur le caractère racial de la mesure, il répond sans ambages : « Oui, je pense que c’est une politique raciste. Il existe bien d’autres moyens de contrôler l’immigration et de garantir la sécurité nationale. »
À l’opposé, un partisan de Trump, souhaitant garder l’anonymat, défend la mesure : « Ce qui est raciste, c’est ce qu’on fait aux Américains. On doit s’occuper d’abord de notre pays avant d’aider les autres. » Selon lui, le président « révèle la véritable nature de l’Amérique » : « Ce n’est pas normal que quelqu’un débarque ici et bénéficie de tout gratuitement. »
Pour Pious Ali, élu municipal de Portland originaire du Ghana (non concerné par l’interdiction), cette mesure réveille les souvenirs du premier travel ban de l’ère Trump. « Je me souviens des appels de mères en pleurs, inquiètes de ne jamais revoir leurs enfants. Des étudiants laissés dans l’incertitude, des familles déchirées simplement à cause de leur lieu de naissance », confie-t-il. Il conclut : « Ce décret n’est pas seulement injuste, il est contraire aux valeurs américaines. »