par Elensky Fragelus
Les klaxons hurlent comme des prières sans foi,
et les rues suintent de fatigue et de poussière.
Port-au-Prince,
mon amour cabossé,
tu ne dors jamais.
Des visages passent
— trop vite, trop lourds —
portant le poids des jours
comme des sacs de charbon sur la tête.
Un enfant court
à travers les ruines d’une école fermée,
pendant qu’un vendeur de rêves
hurle des promesses à 10 gourdes
sur le trottoir fendu.
Ici, le béton craque
comme un cœur trop longtemps blessé.
La nuit tombe,
mais les balles ne dorment pas.
Elles dansent.
Elles dictent.
Elles commandent le silence.
Et pourtant,
quelqu’un joue une guitare,
quelqu’un rit,
quelqu’un aime.
Même au bord du feu,
la vie insiste.
Même au bord du gouffre,
la ville chante.
Elensky Fragelus

