16 octobre 2025
États-Unis : l’OIM se distancie des expulsions forcées de migrants
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États-Unis : l’OIM se distancie des expulsions forcées de migrants

12 mai 2025. Dans un climat international tendu autour de la politique migratoire américaine, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a formellement réfuté toute implication dans les expulsions de migrants menées par les États-Unis. « Nous ne facilitons ni ne mettons en œuvre les déportations », a déclaré l’agence onusienne dans un communiqué ferme publié ce lundi, soulignant qu’elle n’intervient qu’avec le consentement éclairé des personnes concernées.

Alors que l’administration du président Donald Trump a relancé, avec vigueur, un programme d’expulsions massives, souvent menées dans des conditions dénoncées comme contraires au droit international, l’OIM cherche à préserver la clarté de son mandat : accompagner des retours volontaires, en aucun cas des renvois contraints.

« L’intervention de l’OIM commence uniquement lorsqu’un migrant exprime explicitement le souhait de retourner dans son pays d’origine. »

Cette mise au point intervient alors que l’opinion internationale s’émeut du sort réservé à des centaines de migrants, notamment des Vénézuéliens et Salvadoriens, expulsés vers le Salvador, où ils sont pour certains incarcérés dans le CECOT, la mégaprison controversée du président Nayib Bukele. En échange, le gouvernement salvadorien aurait perçu six millions de dollars, selon des informations relayées par la Maison-Blanche.

Une clarification attendue

Depuis plusieurs semaines, les critiques s’intensifient contre Washington. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé mardi ses plus vives préoccupations, dénonçant une « utilisation abusive de la loi sur les ennemis étrangers », une disposition de 1798 originellement réservée aux périodes de guerre. Des centaines de migrants auraient été déportés sans jugement, souvent menottés et enchaînés, selon des témoignages recueillis par l’ONU.

Dans ce contexte, la déclaration de l’OIM se veut une prise de distance nette, alors que certains commentateurs avaient laissé entendre que l’agence onusienne participait, même indirectement, à ces opérations de renvoi. Il n’en est rien, précise-t-elle : l’aide au retour ne peut se faire qu’à la demande explicite des migrants, après qu’ils ont reçu toutes les informations nécessaires sur leurs droits et leurs options.

Un mandat humanitaire, pas sécuritaire

Créée pour promouvoir une gestion humaine, ordonnée et sûre de la migration, l’OIM rappelle avoir accompagné, depuis sa création, plus de 1,5 million de retours volontaires dans plus de cent pays. En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’agence a relancé ses programmes dans plusieurs pays, dont le Mexique, le Honduras et le Guatemala. En Haïti, elle continue de fournir un soutien à l’arrivée, des abris temporaires et un accompagnement à la réintégration.

« Notre mandat est de protéger les personnes vulnérables, pas de servir les politiques coercitives des États », insiste l’organisation.

Washington sous pression

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a fait de l’immigration irrégulière l’un des piliers de son second mandat. En multipliant les arrestations et expulsions, souvent sans recours judiciaire, l’administration républicaine cherche à envoyer un signal politique fort à son électorat. Mais elle s’attire de plus en plus de critiques sur la scène internationale, et même dans son propre pays.

Début mai, un juge fédéral du Texas a temporairement bloqué l’application de la loi de 1798 aux expulsions de migrants, estimant qu’elle violait les garanties constitutionnelles de procédure équitable. D’autres recours sont en cours, y compris devant la Cour suprême.

Face à la controverse, l’OIM entend réaffirmer son positionnement : ne pas être complice, même indirectement, de politiques contraires aux droits humains. Et rappeler, contre les vents contraires, qu’il existe encore une voie pour une migration respectueuse de la dignité humaine.

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