Samedi matin, la place publique de Canapé Vert s’est muée en un espace de mémoire et de reconnaissance, alors que plusieurs milliers d’habitants des quartiers de Pacot et Pétion-Ville se sont rassemblés pour rendre un ultime hommage aux policiers et brigadiers tombés en défendant la localité contre l’expansion des groupes armés criminels terroristes.
Ces 6 défenseurs incluant un officier de police avaient perdu la vie le 23 avril, dans un contexte de confrontation directe avec des gangs lourdement armés, alors qu’ils tentaient d’endiguer une nouvelle tentative d’incursion à Pacot, non loin pourtant d’être transformé en un nouveau « territoire perdu« .
La cérémonie funèbre, marquée par une dignité poignante, s’inscrit dans une dynamique de solidarité intercommunautaire : les résidents de Pacot, exprimant leur gratitude envers ceux de Canapé Vert venus à leur secours, ont tenu à honorer ces hommes engagés dans la protection de leur territoire. Le nombre des victimes officielles s’élèverait à six, incluant des membres des forces de l’ordre. Toutefois, des sources locales font également état de la mort d’une trentaine de gangs affiliés au groupes armés dans l’affrontement.
Ce deuil collectif démontre une fois de plus l’effacement de l’autorité étatique. Depuis plusieurs années – et de manière exacerbée depuis les administrations Jovenel/Claude Joseph, Ariel Henry/André Michel-Beauzile… pour parvenir au CPT/Conille-Fils Aimé – l’État haïtien est absent dans sa mission régulatrice de la violence, dénoncent des particpants sous le coup de l’émotion. Le phénomène des « territoires perdus », désormais estimés à une soixantaine, révèle une fragmentation avancée de l’espace national au profit d’entités criminelles opérant avec une impunité alarmante.
À travers cet hommage, la population de Canapé Vert et ses environs réaffirme sa volonté de ne pas céder à la terreur ni à l’abandon. Un acte de mémoire qui devient, en soi, une forme de résistance civile.

