Monsieur Fritz Alphonse Jean, coordonnateur du Conseil présidentiel de transition, déclarait avec une solennité presque ironique le 3 avril dernier que « le pouvoir sera remis à un président élu le 7 février 2026 ». Une annonce qui, en d’autres temps, aurait pu susciter l’espoir d’un retour à la légalité républicaine. Mais aujourd’hui, elle sonne comme une indécence face à l’agonie d’un pays en proie à une catastrophe sécuritaire et humanitaire sans précédent.
Car une question majeure s’impose, inéluctable, devant ce Conseil de transition à neuf têtes : combien de morts faudra-t-il encore ? Combien de corps mutilés, livrés aux chiens, combien de quartiers réduits en cendres, combien de familles chassées de leurs maisons, combien de pirogues surchargées d’Haïtiens désespérés fuyant par la mer avant que vous ne reconnaissiez votre incapacité collective à assurer la sécurité du pays ?
À vous, membres du Conseil, et à vous, Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, combien de tragédies faudra-t-il pour que vous admettiez l’échec de cette prétendue gouvernance de transition ? Depuis les événements tragiques de Kenskoff, nul n’ignore qu’une invasion s’organisait au vu et au su de tous. Et pourtant, rien. L’État, une fois de plus, s’est montré spectateur d’un drame annoncé. Aujourd’hui encore, à Mirebalais, à Saut-d’Eau, à Kenskoff, le feu ravage, les balles pleuvent, les hôtels brûlent. Deux religieuses ont disparu, leurs corps demeurent introuvables. Quel est le poids de votre responsabilité dans ces tragédies, sinon total ?
À cette heure sombre de l’histoire nationale, alors que le peuple haitien vit littéralement dans la terreur et le désespoir, persister à gouverner, c’est insulter la douleur collective. Gouverner, c’est protéger. Gouverner, c’est anticiper. Gouverner, c’est agir. Vous n’avez ni protégé, ni anticipé, ni agi.
Le temps n’est plus aux promesses, ni aux échéances hypothétiques. Il est à l’humilité. À la décence. À la vérité. Il faut partir. Ce n’est plus une option, c’est une obligation morale.
Oubliez la Constitution, oubliez le référendum-bidon, oubliez la mission qu’on vous a confiée. Le pays est en flammes. Vous n’êtes pas la solution. Le peuple haïtien attend mieux. Il est encore temps de déposer les clés, d’ouvrir la voie à une transition nouvelle, fondée sur la compétence, le courage et la loyauté envers la nation.
Mesdames, Messieurs du Conseil,
Monsieur le Premier ministre,
pliez bagage. Vous avez échoué.