minute de la rédaction
Les gangs à sapate ont presque mené à son terme la première phase de l’œuvre destructrice d’Haïti, laissant derrière eux un pays défiguré à l’économie ravagé, exsangue, suspendu entre la terreur et le chaos. À présent, vient le tour des gangs à cravate, les collabos PHTK1, 2 et 3, ces artisans feutrés du démantèlement institutionnel, d’achever le travail en déchirant la Constitution de 1987 pour lui substituer un texte déjà taillé sur mesure, prêt à consacrer l’effondrement sous le vernis de la légalité.
Alors que les rues du Canapé-Vert et d’autres quartiers de Port-au-Prince sont devenues des zones de non-droit, presque livrées aux gangs, le CPT, au travers de ses représentants, y compris les « 3 braqueurs de la BNC », se montre plus préoccupé par la mise en scène d’un discours sur l’économie que par l’urgence sécuritaire qui menace les fondements mêmes de la société haïtienne.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui est supposé incarner une phase décisive pour la refondation d’Haïti, s’enlise dans un engrenage répétitif de promesses et de discours qui ne réussissent ni à rassurer la population, ni à initier de réels changements. La participation de M. Laurent St Cyr, ancien collabo du régime défaillant du Dr Ariel henry, à la table ronde de l’AmCham Haïti, s’inscrit dans cette logique où se substitue l’illusion d’un geste à l’action concrète.
Ce décalage entre l’élite dirigeante et la réalité quotidienne de la population est d’autant plus criant que Laurent St Cyr n’est pas un acteur politique vierge. Son passé de collaborateur du régime d’Ariel Henry, caractérisé par une inaction notoire face à la crise multidimensionnelle du pays, jette le doute sur sa capacité à incarner le renouveau.
En multipliant les réunions sans réelles résolutions, celui-ci participe à un cirque institutionnel où les mêmes chiffres, les mêmes promesses et les mêmes stratégies de communication se succèdent sans jamais produire d’effets palpables. La reprise économique annoncée reste ainsi une abstraction, un slogan détaché des urgences immédiates.
En attendant, les habitants du Canapé-Vert, comme ceux d’autres régions en proie à la violence, ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Faute d’État, les initiatives locales de protection, les barricades de fortune et les milices d’autodéfense témoignent de l’effondrement de la loi et de l’ordre. Cette évolution souligne le véritable nœud du problème : avant de parler de croissance économique et d’inclusion, il faut garantir un cadre dans lequel la population n’a pas à choisir entre la fuite, la soumission à des gangs ou la résistance armée. Mais les discours du CPT, décalés de toute réalité, indiquent qu’il n’a ni la volonté ni la capacité de s’attaquer aux causes fondamentales du problème.
Et le cercle vicieux continue : un gouvernement de transition qui ressasse des engagements abstraits, des personnalités politiques recyclées qui nourrissent de faux espoirs, et une population condamnée à naviguer entre survie et résignation. Si Haïti veut espérer un avenir différent, il faudra plus que des tables rondes et des déclarations d’intention. Une rupture avec le passé, une prise de conscience que le temps des consensus creux et des postures politiques est fini. À défaut, le pays poursuivra sa course en rond, répétant les mêmes erreurs et voyant la chance d’un véritable changement reculer encore et encore.

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