3 octobre 2025
Ayiti. Referendum-bidon PHTK/CPT – Plus de 500 organisations appellent à bloquer ce projet mafieux dénoncé par Fritz Jean de l’Accord de Montana en 2022
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Ayiti. Referendum-bidon PHTK/CPT – Plus de 500 organisations appellent à bloquer ce projet mafieux dénoncé par Fritz Jean de l’Accord de Montana en 2022

« Référendum-bidon » en Haïti : Fritz Jean en 2025 s’aligne sur un processus contesté, loin des idéaux de Montana de 2022

Le projet d’organisation d’un référendum-bidon PHTK-CPT en Haïti, prévu pour le 11 mai 2025, a déclenché une levée de boucliers de la part de plus de 500 organisations nationales et de la diaspora. Celles-ci dénoncent « un référendum bidon », projet ressenti comme une volonté de travestir la Constitution haïtienne en l’absence d’un véritable processus consultatif et démocratique. De leur point de vue, il s’agit de la poursuite d’une gouvernance imposée, au service d’intérêts politiques et économiques, au détriment de la souveraineté nationale et populaire.

L’opposition à cette initiative se fonde sur une lecture historique et politique de la Constitution de 1987, fruit d’une longue lutte contre la dictature des Duvalier. La Constitution, considérée comme un texte fondateur garantissant l’équilibre des pouvoirs et la participation populaire, ne pouvait être modifiée sans une large consultation citoyenne. Ses détracteurs accusent cependant le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’adopter une démarche unilatérale, ignorant les exigences de transparence et d’inclusion qui devraient guider toute réforme constitutionnelle.

Au-delà des modalités de ce référendum PHTK-CPT, les contestataires fustigent une tentative de légitimation d’un régime illégitime en place. La composition du Conseil Electoral Provisoire (CEP), chargé d’organiser le scrutin, est elle-même controversée, notamment en raison de son manque de crédibilité au regard d’une grande partie de la population et des acteurs de la société civile. L’organisation d’un référendum démocratique et inclusif, dans un contexte marqué par une insécurité croissante et une gouvernance défaillante, est, selon les signataires de la déclaration du 20 février 2025, une condition minimale totalement inexistante.

Fritz Jean, fervent opposant du 30 décembre 2022

Cette attitude négative fait écho aux déclarations passées de Fritz Alphonse Jean, aujourd’hui coordinateur du CPT, qui, en décembre 2022, a vigoureusement condamné le caractère illégitime des initiatives prises par le gouvernement de facto de Ariel Henry. À l’époque, alors président élu de l’Accord de Montana, il affirmait avec force que « la position du Bureau de suivi de l’Accord, du Conseil national de transition, est arrêtée. Il n’est pas question de s’aligner sur une position contraire à la vision de l’Accord de Montana qui prône une solution haïtienne à la crise et une gouvernance de rupture ».

Ces propos expriment un rejet catégorique des arrangements politiques n’émanant pas d’un processus participatif, en particulier l’accord du 21 décembre 2022, qui prévoyait un « référendum-bidon », signé entre Ariel Henry et certains acteurs de la classe politique, dont l’activiste opportuniste Woule’m de Bò, Me André Michel.

En 2022, M. Fritz Jean incarne l’opposition farouche à tout compromis avec un pouvoir corrompu, illégal et illégitime, de surplus imposé par des acteurs internationaux. Il dévoile une tentative de prise de pouvoir par une élite économique et politique et appelle à des sanctions contre les responsables de la crise haïtienne. A l’époque, son engagement est sans concession : aucune réforme institutionnelle ne sera entreprise sans le soutien populaire et dans le cadre strict d’une transition inclusive.

Fritz Jean en 2025 : une volte-face délibérée ?

Cependant, la nouvelle position de Fritz Jean au sein du Conseil Présidentiel de Transition où s’accroupissent trois braqueurs de banque, remet en cause cette position d’opposant. Son rôle de coordinateur lui permet en effet de se porter garant d’un processus qu’il condamnait encore fermement en décembre 2022. Cette contradiction évidente engendre un profond scepticisme quant aux motivations réelles de cette transition politique et met en doute l’indépendance du CPT face aux pressions extérieures.

Les critiques ne manquent pas de s’interroger sur cette volte-face : comment l’ancien président de l’Accord de Montana peut-il aujourd’hui cautionner un référendum organisé dans des conditions qu’il a lui-même dénoncées comme contraires aux principes démocratiques ? L’adhésion de Fritz Jean au CPT est ressentie par ses anciens alliés comme une trahison des idéaux qu’il défendait, traduisant un revirement dans le rapport de force entre les partisans d’une solution strictement haïtienne et ceux qui acceptent des compromis avec le pouvoir en place.

Gestion opaque des ressources et montée en puissance de la contestation

Outre la dimension politique du débat, la question des ressources mobilisées pour l’organisation de ce référendum constitue un autre motif d’indignation. Selon les organisations signataires, un budget de cinq millions de dollars US a été alloué à ce projet, alors que le pays vit une crise économique et humanitaire sans précédent. Ce recours aux fonds publics, jugé inapproprié, se révèle être une forme de dilapidation des ressources nationales au profit d’une élite politique et économique soucieuse de consolider sa mainmise sur l’appareil d’Etat.

Vis-à-vis du danger direct que représente pour la souveraineté populaire, les organisations contestataires appellent à une mobilisation générale. Elles appellent la société civile, les médias, les organisations communautaires et la diaspora haïtienne à s’unir pour bloquer cette tentative d’imposer un projet constitutionnel sans consultation démocratique. L’urgence, disent-elles, est de préserver l’intégrité de la Constitution de 1987 et d’empêcher toute initiative visant à manipuler les institutions républicaines au profit d’intérêts oligarchiques.

Vers une confrontation inévitable ?

Au fur et à mesure que la date du référendum approche, la polarisation politique s’intensifie. Alors que le gouvernement semble déterminé à aller jusqu’au bout de ce processus controversé, la résistance des organisations de la société civile et des mouvements citoyens laisse présager une confrontation inévitable. L’avenir du référendum reste incertain, mais une chose semble certaine : une grande partie de la population haïtienne entend se dresser contre ce qu’elle considère comme une confiscation de ses droits démocratiques.

cba

Position d’un ensemble d’organisations et réseaux d’organisations en Haïti et dans la
diaspora sur la Constitution, la Conférence Nationale et le Référendum du Conseil
Présidentiel de Transition (CPT)

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