HAÏTI TERRE MYSTIQUE : L’alliance invisible est-elle encore possible ?
Quatrième Partie
Serge Joachim II, Haïti Mystique et Spirituelle & Politique Moderne et Contemporaine, 7 mars 2025
Est-il donc vraiment possible d’oeuvrer au changement de la condition nationale, par l’alliance avec les divinités du Monde Invisible ?
Au cours de la dernière partie, nous avons vu la caducité du Pacte de Bois-Caïman, le veto protestant et l’appel à une nouvelle alliance avec Yahweh, l’ancien Dieu d’Israël, Sauveur et Libérateur de ce peuple.
Nous avons vu également la duplicité protestante, son triple jeu (pion du vaudou, pion des Américains et pions de Yahweh) et les limites de l’alliance : » HAÏTI pour Christ ! Christ pour HAÏTI ! « .
Au cours de cette quatrième partie, nous verrons les manoeuvres de Yahweh, ses plans, ses hommes, les hésitations, coups bas et trahisons, retards et échec temporaire du mouvement.
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Dans le monde matériel, le pouvoir se construit essentiellement par les moyens matériels, et les divinités, elles-mêmes, astreintes au respect des lois matérielles, selon le vieux principe fondamental : » La planète terre est à l’homme. Son peuplement. La gestion et l’administration également « .
D’où par conséquent le corollaire nécessaire : » Sur terre, c’est l’homme qui dirige « . » L’esprit des prophètes est soumis aux prophètes ‘.
En effet, l’esprit des prophètes est soumis aux prophètes. Même le St-Esprit de Dieu, doux, humble et paisible, est soumis à Pierre, dans la sombre et douloureuse Affaire d’Ananias et de Saphira qui vira au drame. Une tragédie qui, pourtant, aurait pu être évitée et se dénouer à l’amiable. Par le dialogue, à la rigueur par un blâme. Mais Pierre, au naturel emporté et violent, dans son indignation et colère, frappa à mort, le couple infidèle.
Le St-Esprit de Dieu aurait pu s’y opposer. Et pourtant, Il laisse faire Pierre. Car c’est lui, Pierre, qui dirige les opérations. Détient le contrôle de la barque. Dieu dans sa sagesse et humilité, ne va pas se chamailler ouvertement avec Lui. Se mettre à contester publiquement son autorité et ses ordres.
Le prophète Élie, lui-même, invoquant le nom du Très-Haut, fit, à sa parole, tomber le feu du ciel, sur 2 contingents armés du Roi. Pendant que le prophète Élisée, lui, faisait surgir des bois, deux ours furieux qui déchirèrent une quarantaine de gamins espiègles.
Dieu aurait pu s’y opposer.
Mais non ! Il ne le fera pas.
Sur terre, c’est l’homme le maître de son existence, le concepteur de son destin. Même les Puissances Infernales du Monde Invisible, lui sont, en principe, soumises. Lucifer lui-même, lors de la grande tentation du désert, justifia son emprise sur la Terre et la tutelle, par la fameuse formule juridique : » Cela m-a été donné « .
Christ Lui-même, sans rechigner, se soumet au verdict de Lucifer. Car Il y a eu en effet, un transfert de propriété : Adam et Eve concédant leur droit. Même phénomène avec Esaü concédant son droit d’aînesse à Jacob. Pour un plat de lentilles.
Ce qui explique et permet les phénomènes mystiques de » renvoi « , de » troquer tête « , d’échange, de partage et de transfert mystique, etc .
Dieu, le Maître, soucieux du respect des normes, ne peut, du moins ne veut rien imposer de force, à l’homme. C’est lui, l’homme, le maître de son destin, Lui qui décide et dirige sa propre destinée. Seul ou en harmonie avec le Maître et Créateur.
Penser un peu à Yahweh qui juge nécessaire d’informer Abraham, un responsable de cette terre, de son projet de destruction de Sodome et de Gomorrhe.
Penser aussi à l’attitude humble du Christ face au vieux malade de la Piscine de Bethesda: » Veux-tu être guéri ? « .
Christ, Dieu, ne saurait imposer de force sa guérison au malade. Car le malade pourrait ne pas désirer une guérison venant du Christ, petit roturier, enfant du peuple, issu des bas-fonds de l’indigne et misérable Galilée : » Qu’est-ce qui peut sortir de bon, de la Galilée ? « .
On voit encore l’homme, en Éden, rejeter l’alliance avec son Créateur. Pour s’acoquiner avec les rebelles et se placer sous leur tutelle.
Dieu lui-même tient donc à respecter les lois matérielles. On voit encore Christ rendre à César ce qui est à César, accepter de payer l’impôt et les droits de passage, et refuser de transformer des pierres en pain.
Le Grand Yahweh, Lui-même, on le voit abdiquer, sur demande de ses enfants et sujets. Car les Enfants d’Israël ne voulaient plus de Lui à leur tête, mais d’un ROI humain, visible, homme de chair et de sang, pour marcher à la tête de leur armée et les conduire en personne, à la guerre.
Yahweh fut donc destitué. Il se recourba humblement devant la volonté et le rejet de ses propres enfants et sujets (1 Samuel 8).
Yahweh ne peut donc pas descendre sur terre pour venir l’administrer à la place des hommes. Il doit donc se trouver des partisans fidèles, des serviteurs sincères, zélés déterminés à travailler pour lui.
D’où la problématique de l’apport humain à la construction du destin terrestre, humain et universel : Il ne suffit donc pas de demander l’intervention des dieux sur le terrain, mais faut-il encore des humains, serviteurs des dieux sur le terrain, appelés à poser pour eux, et à leur place, les actes humains, materiels et politiques.
L’homme est plein d’inteligence, de volonté et de liberté. Il a donc sa partition à jouer, dans le grand concert universel, son propre rôle dans l’organisation de la vie sur terre et dans l’univers entier.
Penser à la fameuse requête de Yahweh Dieu auprès d’Ésaïe : » Qui enverrai-je et qui marchera pour nous ? « . (Ésaïe : 6)
Or en HAÏTI, les principaux fidèles qui se réclament de Yahweh, sont du secteur protestant — en majeure Partie, des enfants du milieu populaire — qui se fout en fait, pas mal de Dieu, ne sachant qu’en faire. Sinon qu’utiliser son nom à des fins personnelles, dans la course désespérée à la réussite économique et à l’affirmation sociale.
Fait courant. Deux millénaires auparavant, Christ chassait déjà du temple les vendeurs qui faisaient de la Maison de son Père, une caverne de voyous , de brigands et de voleurs.
Ce qui explique donc de longs retards dans l’intervention physique et matérielle, visible et tangible, des Armées de Yahweh, dans la prise en charge directe du dossier haïtien.
Et l’on verra les multiplies tentatives avortées de Yahweh en HAÏTI, l’irresoponsabilité, la lâcheté, voire les coups bas et trahisons de ses disciples et serviteurs. Dans l’effort de prise en charge directe et personnelle du dossier haïtien.
Mais Yahweh, grand guerrier, fin stratège, veille au grain. Il doit se donner, d’abord, de solides assises politiques, des leaders fidèles, conséquents, pour prendre la tête du mouvement. Se construire une plateforme nationale. Faire connaître Ses plans et projets pour la Nouvelle HAÏTI. Dénoncer le contrat de Bois-Caïman, et l’alliance contre-nature des esclaves de St-Domingue, avec les divinités du rite Petro, proches de la magie noire, des rituels sorciers et cannibales. Pour en appeler à son abrogation definitive.
Il lui faut, encore plus, faire le constat de la caducité de ce contrat, du vide mystique en cours, de la nécessité d’une nouvelle alliance. Pour combler le vide, occuper l’espace, empêcher le retour brutal de ces anciens guerriers et mercenaires, violents, du monde Infernal, et briser définitivenent leur implacable tutelle.
Comme ce fut le cas de Jean Bertrand Aristide. Il rompt avec ses divinités Ginen (dont Ti Jean Dantor; lwa raisin, lwa manman tèt). Pour négocier un pacte avec le lwa sanguinaire et criminel Lavalas — pour pouvoir lutter efficacement contre ses puissants ennemis des FADH, de la bourgeoisie et des USA — enchainé au MUPANAH, par Jean Claude Duvalier. Déclenchant ainsi la fureur de Ti Jean qui déjà à deux reprises, le frappa. Le menaçant d’une troisième frappe : » Mwen gen ou dènye tas kafe anmè pou m bwè a 2, ak KK yo bay pou Jean Bertrand Aristide la « .
Voulant réussir sa révolution économique, Duvalier lui, avait opté, de préférence, pour la paix mystique, par l’enchainement des lwa Petro du Panthéon National.
Même tentative, des années plus tard avec Marx Beauvoir. Il voulait enchaîner à nouveau les lwa Petro, Nago, Congo, turbulents ou sanguinaires. Les expulser du Territoire national. À la rigueur les congédier dans les termes
mystiques requis. Pour pouvoir ensuite, construire, en toute quiétude, sa grande Révolution politique avec les Ginen, plus proches des humains, plus doux et paisibles.
Manoeuvres stratégiques majeures, pour en revenir à YAHWEH, devant Lui ouvrir la voie à une pénétration, en force, et légale, du milieu haitien, et à une prise en charge personnelle du dossier national.
Et ce sera, dès la fin des années 90, diverses tentatives de récupération du mouvement protestant, par des Pasteurs dont Luc Mésadieu, Jean
Chavannes Jeune, proches des Américains, et Wladimir Jeanty, l’outsider. Les trois, de prétendus envoyés de Dieu, mais sans disposer, en fait, du lesepase (laissez-passer) mistik ou spirituel, incontournable et nécessaire (Car nul ne peut diriger HAÏTI, sans la caution mystique, divine ou diabolique), de l’onction d’En Haut, des relations intimes et privilégiées soit avec le Très-Haut, soit avec les entités tutélaires.
Ce sera alors l’échec fracassant, mais prévisible de ces grands aventuriers du Monde Invisible, vilement lâchés par leurs congénères d’En-Haut, du moins incapables de bénéficier de leur soutien et appui dans la prise du pouvoir en Haïti.
Et pourtant Chavannes Jeune, on ne le saura que plus tard, fort tard, trop tard, était l’homme de prédilection du Monde d’En-Haut, à la rigueur l’un de ses atouts majeurs.
On verra plus loin, que faute d’une solide culture mystique et spirituelle, ajouté à un manque criant de clairvoyance, de discernement et de relations intimes et privilégiées avec le Monde d’En-Haut, Chavannes brûlera ses meilleures cartes et ratera à plusieurs reprises, le train du destin.
Nous avons déjà appofondi cette question ailleurs sur Twitter et sur Facebook, dans notre page :
Serge Joachim II, Haïti Mystique et Spirituelle
On en reparlera
Fin de la Quatrième Partie
Serge Joachim II, 7 mars 2025