Parviendra-t-il à mettre fin à l’impunité et à la corruption institutionnalisée au sein même du CPT ?
« Nous sommes aujourd’hui en guerre, et nous devons nous unir pour remporter cette bataille », a déclaré Fritz Jean, lors de son premier discours en tant que coordinateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Dès son investiture, il a tenu à saluer ses prédécesseurs, Ing. Edgard Leblanc et l’architecte Leslie Voltaire, tout en soulignant l’importance des efforts menés par les artisans de l’ Accord du 3 avril, qui ont placé leur confiance en lui pour assurer la coordination de cette phase critique de la transition.
Dans une posture lucide face aux défis à venir, Fritz Jean a insisté sur l’urgence de la situation, rappelant que les populations de l’Ouest et de l’Artibonite, entre autres, attendent des réponses concrètes et rapides pour panser les plaies laissées par la violence des gangs -programmee- et l’effondrement de l’État.
« La sécurité est notre priorité absolue », a-t-il martelé, appelant à l’adoption d’un budget de guerre adapté aux réalités du terrain. Ce budget, orienté vers la réponse sécuritaire, devra assurer une parfaite adéquation entre les dépenses publiques, les menaces identifiées et les actions requises pour y faire face. « Nous ne sommes pas en temps normal », a-t-il rappelé, appelant le Conseil Présidentiel de Transition et le gouvernement à travailler de concert avec les ministères concernés pour garantir la mise en œuvre de cette réorientation budgétaire. Dans cette optique, plus de 3 000 nouveaux recrues seront formés pour renforcer les rangs de la police et des forces armées haïtiennes.
« Sans action adéquate, les forces de l’ordre ne pourront mettre fin à l’insécurité », a-t-il averti, insistant sur la nécessité de renforcer la coordination entre la Police nationale, l’Agence nationale de renseignement et la future Agence nationale de défense, qui verra ses agents mobilisés dans la lutte contre les gangs armés.
Conscient que la violence ne se limite pas à une crise sécuritaire, Fritz Jean a évoqué la dégradation accélérée de l’économie haïtienne, marquée par six années consécutives de décroissance. « L’objectif est de briser le rythme de la décroissance », a-t-il affirmé, plaidant pour une relance de la production nationale et une stimulation de la consommation, s’appuyant sur une approche régionale adaptée aux spécificités locales.
Il a souligné que cette relance passe d’abord par la mobilisation des ressources domestiques et un engagement réel pour la renaissance économique du pays, à travers des programmes de réhabilitation et de reconstruction qui tiennent compte de l’impact destructeur de l’insécurité sur les activités productives locales.
Sur le plan institutionnel, Fritz Jean a réaffirmé son engagement à renforcer les structures de surveillance et de contrôle, jugées essentielles à la restauration de la confiance citoyenne. « Le soutien aux institutions de surveillance, ULCC, CSCCA, CNMP, entre autres, sera maintenu », a-t-il assuré, tout en annonçant la création d’un centre d’appels sous l’égide du CONATEL, destiné à recueillir les plaintes des citoyens confrontés à des abus dans les services publics, notamment à la Direction Générale des Impôts, à l’immigration et aux douanes.
« Si un citoyen ressent le besoin de signaler un abus ou une fraude, il aura un canal direct », a-t-il précisé, marquant ainsi sa volonté de rapprocher l’administration de la population et de renforcer la lutte contre la corruption quotidienne.
L’urgence humanitaire occupe également une place centrale dans la feuille de route du coordinateur. « Plusieurs actions urgentes s’imposent », a-t-il souligné, évoquant la relocalisation des déplacés de Téhéran, la constitution de centres d’accueil, la distribution d’une aide alimentaire d’urgence pour les populations en insécurité alimentaire, ainsi que l’implication des jeunes dans la lutte contre les violences sexuelles.
Cette réponse humanitaire, selon lui, doit s’inscrire dans une approche intégrée, liant sécurité, protection sociale et relance économique. Mais au-delà de ces mesures d’urgence, Fritz Jean a rappelé que « notre objectif majeur reste le retour à l’ordre constitutionnel », avec en ligne de mire la préparation de l’échéance du 7 février 2026.
En conclusion, Fritz Jean a lancé un appel à la mobilisation de tous les fils et filles d’Haïti, insistant sur la nécessité de jeter les bases d’un avenir fondé sur la stabilité, l’équité et la prospérité partagée. « Pour la paix, nous devos redonner l’espoir », a-t-il affirmé, invitant la société civile, la diaspora et les partenaires internationaux à s’impliquer activement dans ce processus de reconstruction nationale.