La passation de pouvoir au sein du Conseil Présidentiel de la Transition (CPT) entre Leslie Voltaire et Fritz Jean, ce 7 mars 2025, intervient dans un climat de fortes incertitudes. Troisième figure à occuper ce poste en moins d’un an, l’économiste Fritz Jean hérite d’un mandat marqué par l’urgence sécuritaire et les divisions politiques internes.
Malgré les promesses formulées par Leslie Voltaire lors de son entrée en fonction, la situation sécuritaire s’est profondément détériorée sous son leadership. Plusieurs zones stratégiques sont désormais hors de contrôle, et les grands axes routiers, censés être rétablis à la circulation, demeurent impraticables. Ce constat d’échec alimente la lassitude d’une population exaspérée par des discours officiels déconnectés de la réalité quotidienne.
Fritz Jean face à une mission quasi impossible
Fritz Jean, économiste reconnu mais peu rompu aux arcanes sécuritaires, sera-t-il en mesure de briser cette spirale de violences ? Sa feuille de route reste floue, alors même que le Conseil Présidentiel de la Transition peine à afficher une cohésion interne. Ses marges de manœuvre apparaissent d’autant plus réduites que la pression internationale s’accentue, exigeant des résultats tangibles avant toute nouvelle aide financière.
Outre les défis sécuritaires, une autre question reste en suspens : quelle sera la position de Fritz Jean sur le projet de réforme constitutionnelle initié sous la présidence de Michel Martelly, puis relancé par Jovenel Moïse et Ariel Henry ? Ce processus, fondé sur un référendum-bidon décrié, cristallise les tensions. Le parti Montana, pourtant à l’origine de la désignation de Fritz Jean, exprime déjà son rejet de ce référendum, qualifié de « mascarade anticonstitutionnelle ». Une posture qui pourrait rapidement placer Fritz Jean dans une position délicate, écartelé entre les pressions politiques internes et les attentes de la communauté internationale.
Premiers signaux attendus
Le premier discours officiel de Fritz Jean, prononcé ce 7 mars, est particulièrement scruté. Prendra-t-il ses distances avec le projet de réforme constitutionnelle controversé ? Posera-t-il de nouvelles bases pour une gouvernance de transition centrée sur la restauration de la sécurité et la préparation des élections prévues en fin d’année ? Parviendra-t-il à mettre fin à l’impunité et à la corruption institutionnalisée au sein même du CPT ? Sa capacité à rassurer les différents acteurs politiques et la population conditionnera en grande partie la crédibilité de son mandat.
(64) CÉRÉMONIE DE PASSATION DE POUVOIR AU NOUVEAU PRÉSIDENT DU CPT, FRITZ ALPHONSE JEAN – YouTube