Haïti : une violence incontrôlée sous fond de luttes de pouvoir, tandis que Smith Augustin, accusé de braquage à la BNC, ambitionne la présidence de transition du CPT.
Dans les rues endeuillées de Port-au-Prince, un silence lourd pèse sur les cendres des foyers dévastés. La nuit, les balles déchirent l’obscurité, et au petit matin, les vestiges d’un carnage imprégné de désespoir apparaissent aux yeux d’une population en fuite. Depuis la fin janvier, une vague de brutalité extrême s’abat sur Haïti, soulevant une alarme internationale face à l’ampleur des massacres.
Des agences onusiennes et humanitaires, soutenues par des bailleurs de fonds, dénoncent l’indicible. Dans un communiqué poignant, elles relatent l’horreur : des familles anéanties dans leur sommeil, des enfants abattus en pleine tentative d’évasion, des quartiers entiers livrés aux flammes de l’impunité. Plus de 10 000 personnes ont été déracinées en quelques semaines, tandis que l’emprise des gangs sur la capitale atteint des proportions vertigineuses.
« Ils ont incendié notre maison avec mon père à l’intérieur. C’est cruel », confie un rescapé, la voix brisée par le chagrin. Dans une autre ruelle assiégée, une mère, l’angoisse au ventre, a fui précipitamment avec ses enfants, laissant derrière elle les murs éventrés par la violence.
L’impuissance d’un État assiégé
Haïti, cette île meurtrie des Caraïbes, se débat dans une spirale infernale où l’instabilité politique nourrit la terreur. En février 2024, les gangs lançaient une série d’attaques coordonnées pour renverser le gouvernement en place. Un an plus tard, la transition politique, censée incarner un espoir, se heurte à une réalité implacable : les groupes armés contrôlent désormais 85 % de la capitale, selon les estimations onusiennes.
L’intervention d’une force multinationale, forte d’un millier de policiers déployés depuis six nations, peine à contenir l’anarchie. Dimanche dernier, un policier kényan, pris pour cible par des assaillants, a succombé à ses blessures, confirmant la précarité de l’intervention étrangère.
Face à cette marée de violence, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir, a réaffirmé son engagement à mener une « guerre sans relâche » contre les gangs. Un vœu qui résonne dans un vide assourdissant, tandis que la population, elle, ne voit aucune accalmie.
Un exode intérieur sans précédent
Les chiffres glaçants de l’Organisation internationale pour les migrations témoignent de l’ampleur du drame : plus d’un million de personnes sont désormais déplacées, un nombre trois fois supérieur à celui de l’an dernier. Les quartiers autrefois animés de Port-au-Prince se vident sous la menace constante des exactions.
L’année 2024 a été marquée par l’un des bilans les plus lourds jamais enregistrés : 5 601 personnes ont péri sous la fureur des gangs, un millier de plus qu’en 2023. Une spirale macabre qui semble n’avoir d’autre limite que l’inaction collective.
Dans cette Haïti fracturée, où l’ombre des armes s’impose au détriment des jours meilleurs, la question demeure : combien de temps encore avant que la communauté internationale ne passe de l’indignation à l’action ?