3 octobre 2025
Rions un peu : Les trois conseillers-présidents braqueurs de la BNC ne sont justifiables devant aucun tribunal
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Rions un peu : Les trois conseillers-présidents braqueurs de la BNC ne sont justifiables devant aucun tribunal

minute de la rédaction

Le pays des intouchables avec un pouvoir judiciaire qui s’est exilé bien loin des frontières nationales.

En Haïti, les lois ne sont plus que des ornements symboliques, brandis avec éclat pour mieux les piétiner. Le scandale autour des trois conseillers-présidents, épinglés pour le braquage de la Banque Nationale de Crédit (BNC), en est la preuve éclatante. Ces hommes, véritables parangons de l’impunité, se retrouvent miraculeusement hors d’atteinte de toute juridiction. La Cour d’appel, dans un exercice de contorsion juridique qui relève plus de la farce que du droit, s’est déclarée incompétente. Le verdict est tombé : ces braqueurs d’un nouveau genre sont tout simplement injugés et injugésables. Bienvenue en Haïti, où la justice est un spectacle et où l’absurde est roi.

L’ascension des imposteurs

Mais par quel tour de magie ces trois « élus » ont-ils été propulsés aux plus hauts sommets de l’État sans passer par le suffrage universel ? La Constitution haïtienne est formelle : la présidence ne s’acquiert que par les urnes ou, en cas de vacance, par la voie définie par l’article 149. Mais ici, point d’élection, ni même de vague simulacre. Ces conseillers-présidents intouchables ont surgi des coulisses de la diplomatie internationale, propulsés par la volonté obscure de la CARICOM et des puissances étrangères. Le peuple haïtien ? Spectateur muet d’un théâtre où il n’a pas même droit à un rôle secondaire. Si ces conseillers sont au pouvoir, ce n’est pas par légitimité, mais par un arrangement opaque qui fait fi de toute légalité.

La Cour d’appel a parlé — ou plutôt, elle s’est tue derrière une rhétorique juridico-politique digne des plus mauvais feuilletons. Incapable, dit-elle, de juger ces figures masquées installées au sommet du pouvoir. Pourtant, la Constitution n’a jamais prévu d’exception pour les voleurs en cravate. Alors pourquoi ce silence ? Pourquoi cette démission judiciaire face à un crime d’État manifeste ? La réponse est simple : la justice haïtienne ne rend pas la justice, elle la loue. Elle n’est ni aveugle ni sourde ; elle est complice. Ceux qui pillent les caisses de l’État peuvent dormir tranquilles : les juges veillent sur eux, non pas comme des gardiens de la loi, mais comme des protecteurs zélés de l’impunité.

Quand un État n’est plus en mesure de juger ses propres dirigeants, peut-on encore parler de souveraineté ? En Haïti, le pouvoir judiciaire s’est exilé bien loin des frontières nationales. Le dossier des trois braqueurs est désormais l’affaire de la fameuse « haute coude de justice » — entité abstraite ou peut-être chimérique — tandis que les Haïtiens restent spectateurs d’un pouvoir qui leur échappe. La référence à un mystérieux accord du 3 avril 2024, dont personne ne trouve trace dans Le Moniteur, alimente la confusion. Cet accord, s’il existe, a-t-il donné carte blanche aux voleurs d’État pour agir sans crainte de représailles ? Ou n’est-ce qu’une autre invention pour justifier l’injustifiable?

La République des privilèges dévoyés

En Haïti, l’histoire est un éternel recommencement où les mêmes absurdités se rejouent sous des formes toujours plus grotesques. Ce dernier acte, orchestré par la Cour d’appel, offre à la nation un spectacle où les criminels ne fuient plus la justice — ils l’instrumentalisent. La notion même d’immunité, initialement conçue pour protéger les fonctions républicaines dans l’intérêt général, est ici détournée pour servir les intérêts particuliers des trois conseillers-présidents. On en rit. À ce stade, il ne s’agit plus d’une défaillance du système, mais d’un sabotage délibéré. Le citoyen haïtien est pris en otage par un État qui protège ceux qui le pillent.

La grande farce réside dans l’interprétation sélective et fantaisiste de la Constitution haïtienne. Ce texte fondamental, le socle du droit et des libertés, est aujourd’hui manipulé au gré des intérêts politiques. Les articles sont lus, tordus, ou carrément ignorés pour servir la cause des puissants dans un pays affaibli. Nulle part, la Constitution ne mentionne l’existence d’un conseil présidentiel doté d’une immunité totale. Et pourtant, la fiction se maintient. Mieux encore, elle est endossée par les plus hautes instances judiciaires. Le citoyen haïtien est ainsi convié à croire à une légalité fantôme, où les textes écrits s’effacent devant la volonté politique.

Face à cette parodie de justice, un seul tribunal demeure : celui de l’opinion publique. Le peuple haïtien, bien que lassé et désabusé, conserve une mémoire vive des trahisons politiques. Si les tribunaux officiels ferment les yeux, les consciences, elles, restent ouvertes. Mais cette indignation populaire, bien que puissante, reste orpheline de leviers institutionnels. La rue, unique espace de revendication, devient alors le dernier rempart contre cette démocratie déchue. Toutefois, combien de temps encore les Haïtiens supporteront-ils d’être les spectateurs impuissants de leur propre naufrage ?

Ironie ultime : ceux qui se targuent d’être les garants de la République tiennent leur légitimité non pas du peuple, mais des chancelleries étrangères. La CARICOM, en agissant comme faiseuse de rois, a conféré à ces conseillers-présidents une forme de mandat moral, tout en s’abstenant de toute transparence. Cette ingérence, loin de pacifier le pays, a ancré davantage la méfiance populaire. Si la solution haïtienne est désormais dictée par l’extérieur, que reste-t-il de la souveraineté nationale ? En choisissant ses dirigeants à la place du peuple, la communauté internationale s’est rendue complice du délit d’usurpation du pouvoir.

Haïti danse, encore et toujours. Mais ce n’est plus la danse de la fête, c’est celle de la déchéance. Les tambours du carnaval national « san konsyans » se sont tus, remplacés par le vacarme des scandales politiques. Les trois conseillers-présidents, véritables maestros de la déraison étatique, orchestrent un bal masqué où la honte a déserté la piste. Pendant ce temps, les citoyens, épuisés, regardent leur pays s’enfoncer un peu plus dans l’abîme. La justice, elle, s’est définitivement retirée de la scène, laissant les clefs du pouvoir entre les mains des fossoyeurs de la République.

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