Aéroport du Cap-Haïtien : Entre promesses et doutes, les passagers attendent toujours la justice
Une réunion de crise a été convoquée en urgence à l’aéroport international du Cap-Haïtien le 17 février 2025, suite à une vague de plaintes virales ayant déferlé sur les réseaux sociaux. L’indignation des passagers, selon eux, victimes de multiples abus, a poussé les autorités à sortir de leur silence, et se confronter à une réalité longtemps ignorée : la dégradation de la confiance entre les voyageurs et les institutions censées les protéger.
Dirigé par Édouane Pierre, coordinateur régional de l’aéroport, la rencontre a réuni des personnalités de premier plan : représentants de la police nationale, des agences de voyage, membres de l’Office national de l’aviation civile (OFNAC) et des autorités locales.
Autour d’une même table, tous tentent d’éteindre un incendie déjà largement médiatisé. Mais si les intentions sont claires, les solutions peinent à convaincre.
Les accusations portées par les passagers sont accablantes. Billets d’avion falsifiés, escroqueries aux frais de visa, procédures de passeport opaques : le tableau est sombre. Les agences de voyage, censées être des intermédiaires de confiance, sont pointées du doigt pour avoir profité de la situation de détresse de leurs clients. Le témoignage d’un passager, diffusé sur les réseaux sociaux en quelques heures, a fait apparaître l’ampleur de la fraude et le silence pesant des autorités devant ces abus.
Patrick Almonor, membre de la commission municipale du Cap-Haïtien, s’est voulu rassurant. Il a plaidé pour une enquête rigoureuse et une volonté de « remettre de l’ordre ». Mais au-delà des mots, peu de réponses concrètes ont émergé. Les propositions, comme l’installation d’un bureau des plaintes à l’aéroport, répondent plus à un désir d’apaiser la colère que de s’attaquer aux racines du problème, fustigent les observateurs.
La frustration des passagers est palpable. Pour beaucoup, ces mesures sonnent comme des remèdes palliatifs, sans réel impact à long terme. « On crée des bureaux, on promet des sanctions, mais dans six mois, qui s’en souviendra ? » déplore un passager victime d’une escroquerie lors de l’achat de son billet. La méfiance persiste, alimentée par des années d’inaction et de fausses promesses.
Guyno DUVERNE
duverneguyno@gmail.com