En Haïti, les motos sont devenues un pilier du transport quotidien. Elles permettent à des milliers de personnes de se déplacer rapidement dans un pays où l’état des routes et l’insuffisance des transports en commun compliquent la mobilité.
Pourtant, derrière cet outil de liberté se cache une réalité plus sombre : les motos sont aussi devenues le symbole d’une insécurité grandissante qui plonge la population dans l’angoisse.
Chaque jour, des vols, des braquages et des enlèvements sont commis à moto, souvent en plein jour et en toute impunité. Légères, rapides et capables de se faufiler partout, elles offrent aux criminels un moyen de fuite quasi infaillible. Dans plusieurs villes du pays, il est devenu courant de redouter une moto qui ralentit à proximité. Ce mode de transport, autrefois perçu comme une solution, est désormais un facteur d’insécurité majeur.
Le problème ne réside pas dans la moto en elle-même, mais dans l’absence de réglementation et de contrôle.
Trop de motos circulent sans plaque ni documents légaux, facilitant leur utilisation à des fins criminelles. De plus, le laxisme des autorités et la corruption au sein des forces de l’ordre aggravent la situation. L’absence de mesures strictes permet aux malfaiteurs d’opérer sans crainte de représailles, tandis que la population vit sous tension permanente.
Que faire face à ce fléau ? Il est impératif que l’État reprenne le contrôle en imposant l’immatriculation obligatoire, l’identification des chauffeurs de moto-taxis et en effectuant des contrôles rigoureux.
La mise en place d’un fichier national des motos et de leurs propriétaires, ainsi que l’utilisation de nouvelles technologies pour surveiller les déplacements suspects, pourraient dissuader les criminels. Mais au-delà des mesures de répression, il faut s’attaquer aux racines du problème : la pauvreté et le chômage qui poussent de nombreux jeunes vers la délinquance.
Les moto-taxis représentent un gagne-pain pour des milliers d’Haïtiens honnêtes. Il est injuste qu’une minorité criminelle vienne ternir l’image d’une profession essentielle au fonctionnement du pays. La solution doit être une régulation stricte et une réhabilitation économique pour ceux qui sont tentés par le crime.
L’insécurité liée aux motos n’est pas une fatalité. Avec de la volonté politique et une stratégie bien pensée, il est possible de redonner aux motos leur véritable rôle : celui de servir le peuple, et non de le terroriser.
Josten Louinon