Comme si les calamités de la crise sécuritaire, du chômage, de l’indigence ne suffisaient à une population abandonnée à son sort, la compagnie de téléphonie mobile Digicel profite du contexte dans lequel la grande majorité de ses abonnés se retrouvent économiquement à genoux pour réviser à la hausse le tarif de ses services.
Dans un pays où l’État a failli à sa mission, abandonne ses prérogatives, il revient à la population de prendre ses responsabilités pour faire veuiller au respect de ses droits. Ce dogme peut être appliqué dans le cas du fonctionnement de la compagnie de téléphonie mobile Digicel qui opère en Haiti depuis 2006. Il est devenu la morne que la compagnie rouge et blanc augmente le tarif de ses services sans avertir ses abonnés et sans justifier les raisons des hausses de prix appliquées. En moins de deux ans, le tarif des services d’appel et des plans de signal d’internet ont pratiquement triplé, s’en plaignent des abonnés.
En connivence avec des dirigeants politiques insouciants et irresponsables, les dirigeants de la Digicel punissent la population. Les motifs de la fluctuation du taux du dollar sur le marché haïtien a souvent été évoquée par l’opérateur pour réajuster le tarif des services, rappellent des observateurs. Cependant, durant les deux dernières années, le taux billet vert reste relativement stable sur le marché des changes, constate-t-on.
En dépit des diverses voix qui se sont élevées pour dénoncer la politique de la compagnie, aucune action n’a été engagée par l’État haïtien. Les prix des services grimpent pendant que la qualité des services laisse à désirer. Au Cap-Haïtien, à Miragoane, à Carrefour, la population éprouve d’énormes difficultés à communiquer en raison de coupures dûes à une faible couverture de son réseau. Le mouvement de protestation organisé la semaine dernière par les Miragoanais pour exiger des responsables de la Digicel l’amélioration de la qualité de ses services n’a pas eu l’effet escompté. Aucun changement n’a été apporté au bénéfice des abonnés des Nippes.
Le Ministère des travaux publics, transport et communication (MTPTC), à travers le Conseil national des télécommunications (CONATEL) assiste passif la violation des droits des abonnés de la Digicel. En attendant, un soulèvement général de la population contre la compagnie, des abonnés admettent être à bout de patience vis-à-vis de la compagnie.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com